Jeudi.  16h. C’était notre horaire habituel pour nous retrouver, Jae Seok et moi, entre amis pour discuter, se confier et, d’une certaine manière, relâcher la pression de cette longue semaine de travail chez Velvet Dust. J’avais hâte de connaître les détails de ta semaine. Pour ma part, je savais déjà ce que j’allais te raconter, même si à mon avis tu devais déjà être au courant par les nombreux bruits de couloirs du bâtiment.
Comme chaque semaine, je me rendis à la cafeteria où tu te trouvais déjà, assis à une table pour deux près de la fenêtre, avec une certaine hâte de te retrouver. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut lâcher complètement tout ce qu’on a sur le cœur avec quelqu’un en qui on a confiance.  Parce que tu étais ça pour moi : un ami de confiance et sur qui je pouvais compter. Je savais que je pouvais lui confier n’importe quelle rumeur, n’importe quelle pensée, n’importe quel secret, n’importe quoi en résumé sans que jamais, il ne répète ce que je lui avais confié à quelqu’un d’autre. C’était un peu comme mon journal intime.  Lorsque tu m’avais dit il y a trois mois que tu serais toujours là pour moi, je n’avais pas été certaine que cela était vrai. Et puis, au fil des semaines, tu me l’avais prouvé et ma confiance en toi n’avait cessé d’augmenter. « Je suis là, Nara » ou « Je serais là, Nara », c’est ce que tu me répétais à longueur de temps. Cette phrase qui m’apaisait tant. Je ne pensais jamais à te la retourner mais elle valait pour moi aussi ; j’aurais voulu pouvoir te dire « Je serais là, Jae Seok ». Toutes ses pensées tourbillonnaient dans ma tête pendant que je traversais la grande salle de la cafeteria pour te rejoindre.
Tu semblais perdu dans tes pensées lorsque j’arrivais à ta hauteur. Je laissais alors s’échapper un léger rire d’entre mes lèvres « T’es dans la lune, Seokie. Quelque chose ne va pas ? Ou j’ai été trop longue ?»  Un sourire illumina ton visage, le mien lui répondant presque immédiatement alors que je m’asseyais face à toi. Je te regardais pendant quelques secondes, essayant de deviner comment tu allais. Après plusieurs mois, deviner ton humeur en regardant ton visage demeurait toujours aussi impossible pour moi. C’est sûrement pour cette raison que j’appréciais énormément notre complicité actuelle ; si quelque chose n’allait pas, tu n’hésitais jamais à me le confier et j’aimais pouvoir t’aider à résoudre tes problèmes. Je m’emparais de la carte des boissons sur le côté de la table, une espèce de liste longue comme le bras où je mettais toujours de nombreuses minutes à me décider. Parfois, je m’exaspérais moi-même. Je te voyais déjà me regarder avec ton petit sourire moqueur que tu ne réservais qu’à ce moment-là : le fameux moment fatidique où j’allais devoir choisir ma boisson.  Je poussais un léger soupir à l’avance et me mis à lire les différents intitulés. « Raconte-moi ta semaine pendant ce temps –là, ce sera nettement plus agréable que de rester comme ça dans le silence. Et puis, en plus, ça me permettra de savoir comment tu vas ou si y a des pimbêches qui t’ont manqués de respect ou je ne sais pas quoi ». Et voilà, encore une fois, je parlais trop, incorrigible bavarde que j’étais. Je finis finalement par me taire pour te laisser la parole, écoutant le récit de ta semaine, les yeux toujours rivés sur la carte. Je ne savais vraiment pas quoi choisir. Tous ces chocolats chauds et thés aux goûts plus tentants les uns que les autres me faisaient tourner la tête. Je restais néanmoins attentive à tes paroles, relevant les yeux vers toi une fois de temps en temps.

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