Plus vite que ça !

Leo & Saehwan

Le café froid de trop

« Où est-ce qu'il est passé encore celui-là ? » D'une humeur de chien ce matin, je n'avais pas vraiment envie d'attendre. Je n'étais déjà pas très patient en soi mais le matin, c'était pire que tout, il fallait le dire. Tous les membres du staff devaient supporter mes colères et mes sautes d'humeur mais franchement, je m'en foutais royalement. C'était grâce à moi de toute façon s'ils avaient un salaire en fin de mois alors ils avaient plutôt intérêt à céder au moindre de mes caprices sans broncher. Dans l'ensemble, ça allait : personne ne bronchait et ils s'exécutaient dès que je demandais quelque chose. Heureusement d'ailleurs, parce que j'étais réputé pour virer les incapables assez rapidement. Ils avaient tous compris assez vite qu'il valait mieux filer droit avec moi. Sauf un. Ouais, un. Un abruti que j'avais moi-même pris à mon service. Après réflexion, je me rendais compte que ça n'avait pas été la meilleure idée de ma vie, mais bon. Au moins il n'était pas payé. Je l'avais capté à essayer de gruger une autre star de moindre importance, euh, dont le nom ne me revenait même plus à vrai dire : il se faisait passer pour son assistant et même si la star en question était assez bête pour se laisser rouler dans la farine, moi, j'avais vite compris de quoi il retournait. Plutôt que de le dénoncer directement, même si j'avoue y avoir pensé, je lui ai fait du chantage : beaucoup plus drôle et intéressant si vous voulez mon avis. Il n'avait pas pas trop le choix et a dû accepter d'être mon assistant à moi aussi, ce qui fait que ce crétin n'est ni payé par l'autre puisque ce n'est pas un vrai boulot, ni par moi. Il est, en tout et pour tout, mon esclave personnel plutôt que mon assistant. Je fronçai les sourcils et la maquilleuse qui s'affairait sur moi m'en fit la remarque. Je lui jetai un regard noir qui la coupa dans son élan et en profitai pour lui balancer une sale remarque. « Fais ton boulot et tais-toi. Je t'ai rien demandé .. Et que quelqu'un me trouve ce con de blond décoloré là ! » Maintenant que j'avais pensé à Leo, j'étais encore plus sur les nerfs qu'à la normale. Je lui avais demandé de me chercher un café et il n'était toujours pas revenu. Bon sang mais il était parti moudre le grain lui même ou quoi ?! La maquilleuse finit et s'éclipsa aussitôt, et je me levai pour que l'habilleuse prenne le relais. Elle me tendit d'abord une paire de lunettes de soleil que je posai sur mon nez puis une veste d'hiver que j'enfilai et ajustai correctement sur mes épaules. Je ne voyais toujours pas mon café arriver et je commençai tout doucement à bouillir intérieurement. Le staff me connaissait et heureusement, pour eux, ils essayaient de m'éviter au possible et restaient silencieux pour les plus intelligents, se contentant de faire leur boulot au mieux pour ne pas me contrarier plus. Mon café du matin, c'était connu, il m'était indispensable pour ne pas être exécrable toute la journée et visiblement, c'était une tâche trop dure pour mon assistant. Je m'imaginai déjà lui tordre le cou en le voyant arriver, à moins qu'il n'ait décidé de quitter le boulot sans prévenir : chose qui, je pense, m'énerverait encore plus mais d'un autre côté ne me dérangerait pas plus  que ça. Si je ne le voyais pas rabouler dans la minute, j'allais faire un véritable scandale en tout cas.

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Leo & Saehwan

Le café froid de trop

Une cigarette ! Voilà qui allait me calmer, du moins c'est ce que j'espérais. Mon café n'était toujours pas arrivé (bien entendu, qu'est-ce qui m'avais pris d'espérer!) et je commençais déjà à trembler, en manque de caféine, à moins que ce ne soit de rage. Je n'aurais pas su dire. Je me dirigeai vers mon sac pour récupérer mon paquet de clope et m'en sortir une, cherchant par la meme occasion mon briquet. Check. Je me dirigeai vers la fenêtre à grand pas sans prendre la peine de retirer cette veste qui n'était pas à moi. J'en avais strictement rien à secouer qu'elle sente la clope, ils n'avaient qu'à se démerder avec après et l'emmener au pressing ou je sais pas où, point. J'ouvris la fenêtre en grand, laissant le froid hivernal glacer la pièce, encore une fois sans me soucier des autres, allumant ma clope et tirant une grosse bouffée avant de recracher la fumée. « Ahhh .. » Je fermai les yeux en soupirant pour me détendre, essayant d'en profiter et d'oublier cet incapable de blond qui non seulement semblait être aller moudre le grain lui même mais qui en plus, j'en étais sûr vu le temps qu'il prenait, s'était fait un devoir de trouver lui même la plantation. Après tout, j'avais appris après ces quelques semaines que si quelqu'un était bien capable de tout, c'était lui : Lim Leo. Il était la personne la plus imprévisible que j'ai jamais rencontrée. Il faisait des trucs tout naturellement alors qu'une personne normale n'en aurait même pas rêvé ! Il me rendait un peu fou parfois .. okay, il me rendait carrément hystérique en fait, mais je le répétais : avoir un esclave et ne pas en avoir, ça faisait toute a différence, aussi ahuri que soit l'esclave en question. Il était bien perché c'est sûr. Le pire dans tout ça, c'est qu'il attirait toutes les calamités possibles et inimaginables et qu'il ne le faisait même pas exprès.

Je finissais de griller ma clope sur ces pensées et balançai le mégot du haut de l'immeuble où se trouvait le studio photo. Je pouvais voir le casino d'ici et bon sang, ce que j'aurais pas donné pour une bonne petite partie de poker ou de blackjack là plutôt que d'être coincé ici ! Je refermai la fenêtre pour éviter de me dégoûter plus encore et me retournai, scannant la pièce des yeux à la recherche, désespérément, de cette fameuse catastrophe ambulante, juste au cas où, je pouvais rêver, il serait arrivé. Toujours aucune trace de lui. Un des assistants du photographe s'approcha de moi et je lui jeter un regard à glacer les sangs en entendant sa petite voix suraiguë me demander si j'étais prêt. « Est-ce que j'ai l'air d'être prêt, d'après toi ?! C'est trop demander de pouvoir boire un café avant le boulot, merde ?! Alors tu retourne voir ton patron et tu lui dit que s'il est en retard sur son planning de la journée, faut voir avec mon assistant à moi, qui a visiblement décidé de partir en Equateur pour récolter lui même le café, parce qu'il est toujours pas revenu et qu'il n'y a pas moyen que je commence à bosser sans mon café ! Est-ce que je me suis fait comprendre ? » Visiblement oui puisque l'assistant en question semblait au bord des larmes et fila sans demander son reste à la recherche du photographe. Je levai les yeux au ciel en me demandant pourquoi on embauchait des lavettes pareilles.

Et c'est à ce moment-là que Leo décida de débarquer comme une fleur. Je le vis arriver vers moi d'un air guilleret et dès le moment où j'entendis sa voix, je fermai les yeux et pris une grande inspiration. « Caaalme. Respire profondément. » Je rouvris les yeux et pris conscience du fait que son t-shirt était tout brun et encore humide. Ah ouais d'accord, j'avais sous les yeux la raison de son « léger » retard. Je pris sa tasse des mains et entendis quelqu'un derrière moi retenir sa respiration. J'affichai alors un grand sourire faux mais qui semblait vrai à s'y méprendre et bus une gorgée de mon café, grimaçant légèrement mais ne laissant pas mon masque d'hypocrisie retomber. « Haha, aucun problème mon pote ! Retourner à VD ? Oooh, ben oui, pas de problèmes ! » J'attendis encore quelques secondes avant d'exploser, balançant le gobelet de jus de chaussettes qui avait un goût de brulé par terre dans un grand geste théâtral. « Tu te fous de moi ? T'as pris une heure à me ramener un gobelet de café, et en plus tu oses me donner un truc aussi dégueulasse ?! Tu veux m'empoisonner ou quoi ?! Et là tu me demandes si tu peux retourner à ton boulot ? Je crois pas MON POTE. Tu restes ici jusqu'à ce que je te dise que c'est bon, et compte pas trop la dessus tout de suite si tu veux mon avis, et t'as intérêt à te tenir à carreaux ! C'est trop difficile ce que je te demande ou quoi ?! »

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Leo & Saehwan

Le café froid de trop

Garder son calme surtout, pas de stress inutile. N'étant déjà pas très tolérant de base, il m'était encore plus difficile de garder mon sang froid face à ce genre d'individu. Qu'est-ce qu'il n'avait pas compris dans « répondre au moindre de mes caprices » ? Enfin, ça, il ne protestait pas, au contraire : il exécutait le moindre de mes ordres. Le problème, c'est que rien n'était jamais fait vite ni bien. Il prenait toujours des heures et pour quelqu'un  comme moi, l e temps était quelque chose de précieux. Ne disait-on pas que le temps c'était de l'argent ? Eh bien lui m'en faisait perdre en quantité. Un exemple parmi tant d'autres : ce café froid et infâme qu'il venait juste de me ramener. Non seulement ça lui avait pris un quart de siècle mais en plus, il était assez culotté pour m'apporter un breuvage imbuvable. Non, vraiment, l'engager avait été une grosse erreur de ma part et je m'en mordais les doigts. Regardez-le en plus ! Qu'est-ce que je donnais comme image de moi avec un tel numéro à mon service ! Il n'y avait qu'à jeter un coup d'oeil à son haut couvert de café pour comprendre et compatir. Avec moi bien sûr, pas lui ! S'il avait deux mains gauches, ce n'était pas mon problème. Quoique, ça le devenait quand il faisait n'importe quoi comme ça.

Poussé à bout après tous ces jours passés avec Lim Leo en tant qu'assistant, je piquai une crise, comme à mon habitude quand quelque chose n'allait pas, en bonne star capricieuse que j'étais. Ce crétin fit cependant ce que j'attendais de lui normalement pour une fois : il s'empressa d'aller chercher quelque chose pour tout nettoyer .. Ah non, attendez. Qu'est-ce qu'il foutait avec mon t-shirt en matin celui-là ? C'est ébahi et sans voix que je le vis jeter le vêtement par terre pour essuyer le café qui formait une flaque au sol. Et je n'étais pas le seul : les membres du staff qui assistaient à la scène semblaient eux aussi halluciner. Pris complètement par surprise par ce revirement de situation inattendu, je restai immobile, le regardant se mettre à jeter ensuite mes cigarettes par la fenêtre. Je le vis attraper les clés de mon bébé, de ma belle Porsche qui m'attendait dans le parking souterrain et je m'avançai alors vers la fenêtre, réagissant enfin à tout ceci, agrippant le rebord en regardant plonger mes affaires. Non ça devait être un cauchemar .. juste un cauchemar. J'allais me réveiller bientôt .. ou pas. Ne voyant déjà plus qu'un petit point bien plus bas à la place de mon sac, je finis par me retourner, non plus halluciné et étonné mais bouillant de rage. « Où il est ? .. OU IL EST ?!!! » Je n'avais pas prêté attention à ce qu'il avait pu me raconter depuis le début, trop préoccupé par le sort de mes affaires mais là, j'avais réussi à passer outre cette stupeur qui m'avait immobilisé jusqu'alors, et ça ne sentait pas bon. Ni pour le concerné, ni pour personne d'ailleurs. Le rouge me monta aux joues tant j'étais énervé et je balayai la pièce du regard à la recherche du coupable : il ne perdait rien pour attendre celui-là ! J'étais à deux doigts d'en venir aux mains. Manque de chance, ou au contraire heureusement pour mon image, il en avait profité pour se barrer vite fait après sa petite scène. C'est furieux que je piquai une des plus belles crises de toute ma carrière d'artiste dans ce studio photo.
Il n'avait plutôt pas intérêt à recroiser ma route .. Lim Leo, je te retiens.

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