Avec toute l’agitation autour de l’opération désastreuse avec Sundae, j’avais presque oublié le gala de charité auquel j’avais été convié. Le commun des mortels pense que lors de ces événements, des gens plus riches qu’eux se montrent généreux en faisant des donations de millions de dollars parce qu’ils sont philanthropes. C’est en partie vrai, mais c’est avant tout une occasion de se montrer en public et rien n’est trop beau pour épater la galerie, surtout qu’une fois entré dans la salle, on se fait juger de la tête au pied par tous le convives –oui, même les serveurs- qui cherchent coûte que coûte quelque chose à critiquer. J’adore ce genre d’ambiance. Le problème, c’est que j’avais beau retourner mon dressing dans tous les sens, je ne trouvais rien de décent à me mettre. J’étais à deux doigts de la crise de nerf et la douleur causée par les bleues qui ne voulaient pas disparaître depuis la bagarre généralisée n’arrangeait rien à mon humeur. Je ne voyais qu’une solution : une virée shopping au centre commercial. Ca me permettrait de me détendre et de trouver une nouvelle robe par la même occasion. Et dire que personne ne me croit quand je dis qu’un centre commercial est un temple dédié à la détente. Evidemment, je ne comptais pas y aller seule, j’avais immédiatement envoyé un message à Robinou pour lui dire de m’y rejoindre. Un homme qui aime faire du shopping, c’est quand même rare, la plupart y vont en traînant des pieds et avec une tête d’enterrement telle qu’ils donnent l’impression qu’ils risquent de mourir à n’importe quel moment. Pour dire vrai, je n’ai pas tellement d’amis hommes parce que je ne fais pas confiance au sexe inférieur mais la compagnie de Robin ne me déplaît pas, il est sympathique, mignon, il a du style et surtout, il n’a pas d’arrières pensées. Rien de pire que de se coltiner un homme qui tente désespérément de te draguer à longueur de journée. S’ils pensent que c’est la bonne solution, ils se trompent ; ça a même l’effet inverse. De toute façon, je ne traîne pas avec n’importe qui : je suis déjà assez pointilleuse quant au choix de mes chaussures … et elles vont seulement sur mes pieds.

Après avoir enfilé une jolie tenue offerte par un styliste de Velvet Dust –je suis une privilégiée, que voulez vous- et m’être rapidement maquillée, j’étais prête à sortir. Je n’avais pas oublié mes lunettes de soleil, histoire de passer incognito même si mon aura est telle qu’on découvre toujours qui je suis très rapidement. Après avoir fait le buzz grâce à ma prétendue relation avec le chanteur canadien Justin Bieber, j’étais sûre que l’attention allait être portée sur moi encore une fois. En espérant cette fois ne pas me faire pourchasser par des groupies folles …  Le centre commercial était à une dizaine de minutes en voiture de chez moi, c’est un peu comme une seconde maison en fait. Je savais très bien où trouver mon Robinou, on se rejoint toujours au premier étage des Fashion Floors de Galleria. Je ne m’étais pas trompée, il était déguisé –seulement, lui, il avait fait plus d’effort pour passer incognito que moi- et écoutait de la musique en m’attendant. Sa présence était vraiment agréable, à peine étais-je arrivée vers lui qu’il me déposa un baiser sur la joue et me complimenta sur sa tenue. « Merci darling, tu n’es pas mal non plus dans ton genre. Laisse les croire, on est trop fabuleux pour eux, ils ne peuvent que nous envier » Ma copine de shopping, c’était tellement ça. Cette appellation me faisait rire quand même. «  Et aujourd’hui, t’es mon date, ok ? Ma copine de shopping et mon date. » Si quelqu’un nous prenait en photo ensemble, on pouvait être qu’il y aurait le soir même une rumeur sur nous sur internet. Un truc du genre « Après Justin, Robin : rien n’arrête Rebecca Hwang ». De toute manière, peu importe avec qui je sorte, il y aura toujours des rumeurs sur moi. C’est fatiguant parfois mais je trouve ça assez drôle dans le fond. «  Je cherche une robe de soirée plutôt classe, tu vois. Je veux que les gens se disent « Wow » quand ils me voient arriver. Tu penses qu’on peut trouver notre bonheur ? Et bien sûr, les chaussures qui vont avec. Tu sais à quel point je suis difficile, alors je ne te libèrerais qu’à la fermeture du magasin. » Quoi ? Je n’achète pas n’importe quoi, il me faut du temps pour trouver LA perle rare. «  Et bien Justin est l’homme de ma vie, je l’ai su dès la première fois qu’on s’est embrassé. Il est fou de moi, il m’a même demandé en mariage mais je lui ai dit que j’étais trop jeune pour ça. » lui répondis-je dans un ton exagéré. Evidemment, il n’y avait rien eu entre lui et moi mais j’aime tellement faire croire que c’est le cas. «  Mais regarde ce que ses fans m’ont fait, j’ai des bleus partout, c’est une catastrophe, je suis horrible. » C’est la dernière fois que je m’approche d’aussi près des fans de Justin, elles sont aussi folles qu’on le dit. «  Pauvre Daisy, tu sais quoi lui acheter ? Ah ! Et il te faut quelque chose à toi aussi, tu m’accompagnes ce soir ! Let’s go, je vois déjà une petite robe pas mal qui me fait de l’œil au stand Chanel.»

« Ton date ? Really ! Alors si je suis ton date, y’a qu’une chose à faire mon amour ! » Il entrelaça sa main dans la mienne et au lieu d’en être gênée comme la plupart des filles le seraient, je me contentai de lui sourire. En Italie, se tenir par la main est quelque chose de tout à fait normal mais en Corée, les mentalités sont différentes. Au fil des années, je me suis habituée à leur pudeur même s’il m’arrive parfois d’être assez tactile en public, m’attirant de ce fait les regards outrés des passants : il en faut vraiment peu pour être choqué dans ce pays. « Profites-en, exploite-moi, pour une fois que j’ai une journée tranquille, j’vais pas me plaindre de la passer entièrement avec toi hein ! » Je comptais bien prendre cette phrase à la lettre et ce que j’en comprenais, c’est qu’il était d’accord pour passer toute la journée à m’aider à choisir une tenue et à porter mes sacs. Après tout, il avait accepté d’être mon date pour la journée, il fallait bien qu’il se comporte comme tel. « M’enfin, je confirme, le plus long, ça sera de t’acheter des chaussures ! » Moi et mon obsession pour les chaussures ! Je ne peux jamais m’empêcher de m’en acheter au moins une paire à chaque fois que je mets les pieds dans un centre commercial mais le problème, c’est que je passe énormément de temps à choisir une paire parce que je veux ce qu’il y a de plus beau et de plus cher à mes pieds. «  Haha, toi, tu me connais, y’a pas de doute là-dessus !  » Le pauvre avait était témoin de mon indécision quant aux choix de mes paires de chaussures, la dernière fois, je l’avais fait poireauté à peu près quatre heures. Attendez, c’est un choix existentiel et essentiel, c’est comme si un président choisissait son premier ministre, il ne le désignerait pas au hasard ! « Moi j’adore quand tu portes des robes courtes, t’as des jambes tellement canons que c’est un sacrilège de les cacher, en plus, tu sais tellement bien porter ce genre de petite tenue, c’est jamais vulgaire chez toi… Sinon tu te fais un style comme Emma Watson… Je damnerai un saint pour la rencontrer juste une fois… » Il devait savoir à quel point j’aime les compliments parce que pour le coup, j’en étais bien servie même si je trouve que tout ce qu’il m’a dit est totalement vrai. Dieu merci, je suis grande, ce qui veut dire que j’ai le droit de porter des robes courtes et les bottes hautes qui font « petit tas » sur les femmes plus petites. En plus de ça, mes jambes sont longues et consciente de cet atout, j’aime beaucoup les mettre en valeur. Je voyais justement une robe plutôt courte d’ailleurs mais classe, je déteste tout ce qui rend vulgaire. Sexy mais pas vulgaire. Jamais. « Toi et ta Emma Watson, une grande histoire ! Si tu veux je demanderais à Justin son numéro comme ça, je pourrais t’arranger un coup avec elle. Je suis sûre que tu me remercierais tous les jours. » Après tout, son amour pour elle est assez compréhensible, il s’agit quand même d’Emma Watson et les british ont un charme fou en règle générale. «  Je te suis pour la robe courte mais pas trop, t’as raison, faut bien que j’exhibe mes petites gambettes surtout après ma séance d’UV. » Pendant que je rêvais de ma robe parfaite, Robin, lui, rêvait de sa Emma, au point de foncer droit sur la poubelle. Sur ce coup là, je n’étais pas solidaire, je me roulais presque au sol tellement je riais. «  Stupid !, arrête de fantasmer sur elle et concentre toi sur la déesse qui est en face de toi » lui rétorquais-je en tirant la langue, feignant un air mécontent qui était au final assez crédible puisque de nature, j’ai une « bitchface ». Pourtant, je ne me force même pas mais j’ai l’air constamment blasée. « Tss, tu regardes même pas où tu vas. Redonne moi la main, va falloir que je te guide, mon pauvre. Que serais le monde sans moi, sérieusement » Pour être sûre que cet incident ne se reproduise pas, je l’attrapai par la main comme il l’avait fait plus tôt. « Non mais Darling, si tu dois épouser un seul homme dans toute cette stratosphère, ça sera moi ! Tss Justin Bièraubeurre m’arrive même au talon ! » «  C’est bien vrai ça, va falloir qu’on officialise notre relation alors. Mais j’ai peur de m’attirer les foudres de tes fangirls, j’ai peur. En plus, j’ai le chic pour tomber sur les plus sauvages. » De mon côté, j’ai quelques fanboys mais je suppose qu’ils ne sont rien à côté des fangirls que j’ai pu côtoyer. Quoique, un fan taré m’a déjà envoyé une bouteille de son sang. L’horreur ! mais je suppose que ce genre de choses arrivent souvent aux célébrités. « Je suis gringalet et pacifiste…. Mais si on t’agresse encore, j’vais sortir les griffes ! Et t'es pas horrible voyons, t'es toujours aussi belle. » Je devrais peut-être songer à embaucher Robin et Sundae en tant que gardes du corps, en cas de représailles. Quoique … Robinou est maigrichon comme tout et Sundae, un gros froussard. «  Je pourrais t’écouter toute la journée, ça me fait plaisir d’entendre ce genre de choses. Je commençais à sérieusement complexer avec tout ça. En plus t’as vu, j’ai grossi » Grossir. La psychose de toutes les femmes du monde. Voilà pourquoi je suis le régime de Velvet Dust à base de pamplemousse et je fais beaucoup de sport à côté –des séances de musculations tous les soirs, notamment- . Seulement, la veille, j’avais mangé en plus un morceau de fromage avec du pain et je craignais sérieusement que cela ait ruiné le processus pour avoir cette silhouette de rêve.

« Moi je t'accompagne ? Sweet mother of god, trop d'honneur ! C'est trop d'honneur tu sais ma caille ? Aish, j'imagine déjà ma princesse me tuer en rentrant... Tant pis, on va bien s'amuser à bitcher sur tout le monde ! » C’est dans ce genre de moment que je comprends pourquoi nous sommes amis. On adore bitcher sur les gens. C’est tellement drôle et encore plus quand il s’agit de richards coincés du cul. « Et oui, je te fais cet honneur dans mon extrême gentillesse. Ne t’inquiète pas pour ta princesse, le cadeau que tu vas lui offrir la calmera, il n’y a pas de problème de ce côté. Nous les femmes, on peut nous acheter avec un sac Michael Kors, tu sais ! » Je parlais de mon cas mais Daisy ne devait pas être bien différente, c’est une fille après tout. « Non je sais pas encore… Une petite robe et des chaussures, c’est sûr, elle en a déjà une tonne, mais c’est ce qui lui va le mieux, elle est tellement belle ma Daisy Duck… Quant à mon illustre personne… J’verrais bien en fonction de ta tenue… Autant être assortis. » Bien sûr que nous allions être un minimum assortis sinon on risquait le désastre visuel. Un classique : la fille se prépare de son côté, le garçon de l’autre et résultat, leurs tenues respectives ne vont pas ensemble. La honte. Heureusement pour moi, Robinou a de bons goûts de ce que j’ai pu voir, je n’avais donc rien à craindre, il n’allait pas me faire honte de côté là. « Oh regarde, la noir et blanche là, c’est comme celle d’Emma ! » Derrière moi, il sautait comme un gosse à la vue de cette robe. Il était grave, il fangirlisait totalement pour un vêtement porté par son idol. « Tu penses qu’elle va m’aller la robe d’Emma ? J’ai peur qu’elle mette trop en valeur mes fesses. Bon, je vais l’essayer et tu me donneras ton avis. » Je pouvais toujours la prendre en plus de ma robe de soirée, après tout, ce n’est pas comme si mon budget était limité. « J’adore le genre de la blanche et bleue, pas toi ? » J’avais beau aimer le style de Chanel, cette robe était un véritable flop à mes yeux. Seulement, dans le secteur de la mode, il est interdit de dire ce genre de chose sur Chanel. Chanel c’est Chanel, on ne critique pas ! « Elle est originale, oui ! » Je ne me voyais pas sortir avec dans la rue, cette robe devait surement être une pièce unique crée uniquement pour un défilé car j’ai rarement vu des gens dehors vêtu de cette manière. « Je préfère Versace mine de rien. » Un homme qui s’y connaît en mode, pincez-moi, je rêve. «  Versace, bon choix. Les marques italiennes sont les meilleures, mon cher » C’est connu, les stylistes italiens sont originaux et innovants, ils excellent dans le domaine et en viennent même à surpasser les français. « T’as déjà prévu le transport pour ce soir ou j’embête mon Père pour qu’il envoie la limousine avec le chauffeur quand il faut ? » Organisée comme je suis, j’avais déjà tout prévu bien à l’avance. Je déteste faire les choses à la dernière minute, il n’y a rien de plus stressant et le stress, c’est mauvais pour mon si beau visage. Je ne veux pas avoir des rides à 30 ans, quand même. Avec tous les efforts que je fais, j’espère bien vieillir. «  Bien sûr que j’ai réservé une limousine mais on peut faire ça dans les règles et laisser l’homme s’occuper du transport. » Je suis fan de ce genre de codes bateau, que voulez vous, je dois être une romantique dans l’âme. Ou peut-être ai-je vu trop de films des années 50, époque où les hommes semblaient avoir bien plus de tenu et de classe qu’aujourd’hui. « J’crois qu’on est repéré… » En effet, un groupe de filles nous regardaient comme si nous étions des OVNI à travers la vitre et je sentais que Robin serrait ma main plus fermement, surement pour attirer encore plus leur attention et leur monter que le fait qu’elles nous surveillent ne nous dérangeait nullement. Pour ma part, je leur offris un sourire très hypocrite avant de continuer mes recherches. «  Ignore les, elles ne vont surement pas gâcher notre journée, je te le promets ! » C’était ce que j’espérais, surtout que pour le moment, elles n’étaient pas nombreuses et ne semblaient pas dangereuses. Quoique, il vaut mieux se méfier des fans, c’est ce que l’expérience m’a appris. «  Oh, je suis in looooove » m’écrais-je en pointant du doigt une robe dans les tons beiges qui correspondait tout à fait à ma corpulence et à mes critères d’achat. « T’en penses quoi ? » Je jetais un coup d’œil aux petits détails de la robe, sans regarder Robin. «  Mouai, t’as raison, elle est simple et je porte beaucoup de beige en général, c’est vrai. » … «  Mais d’un autre côté, avec les bonnes chaussures, elle serait parfaite. Que dis-je, elle est déjà parfaite. » Je n’avais pas laissé Robin en placer une mais ce n’était pas de ma faute, quand je suis concentrée sur quelque chose, il est dur d’obtenir mon attention. «  Je vais essayer celle d’Emma et celle-ci et je veux ton avis. Si je suis grosse dedans, tu me le dis hein » Nous nous dirigions donc vers les cabines d’essayages et je constatai –mais à ce moment là je me croyais surtout parano- qu’on était suivi. «  Euh, Robin, t’as pas l’impression qu’il y a quelqu’un qui nous suit ? Je « sens » du mouvement dès qu’on tourne le dos »  Bon, peut-être que je m’inquiétais pour rien, en fin de compte.

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