« Ani… » Elle essuie une larme qui roule sur sa joue, la rosée du matin est encore présente et le soleil se lève à peine, Na Ri dort encore comme un petit loir, pelotonnée dans sa gigoteuse hello kitty comme si tout va bien ; au téléphone, Sarang discute avec son père depuis déjà quinze bonnes minutes. « Andwae… » Elle soupire faiblement, créant de la buée sur la vitre. « Je peux pas… J’peux pas signer ces foutus papiers. » Elle se laisse tomber sur le lit, sentant alors un sanglot prêt à éclater qu’elle retient tellement qu’elle a l’impression d’étouffer. « J’veux pas divorcer… J’veux pas le perdre, j’veux qu’il revienne…. » Les larmes arrivent sans qu’elle ne puisse rien y faire… « Appa…. Appo…. » Elle éclate en sanglot avant de plaquer sa main sur sa bouche et de partir dans la salle de bain pour se laisser glisser contre le long du mur, elle ne veut pas réveiller la petite… « Sarang, Sarang, calme toi… » A l’autre bout, son père qui se déteste de voir sa fille souffrir autant alors qu’il sait la vraie raison de son mal être. Il ne cautionne pas vraiment les décisions de son genre mais il peut les comprendre malheureusement, c’était pour ça qu’il est rentré dans le jeu, mais il sait que ça la détruit petit à petit. Pus hautaine, plus froide, plus arrogante, plus casse-cou, elle ne vit plus que pour son enfant et pour un espoir maigre, celui de le voir revenir. « Sarang écoute… Je sais que tu penses comme moi qu’on a qu’un seul grand amour, mais peut-être que tout a juste été trop vite entre vous… et que ça s’est essoufflé. » Il sait bien que ça n’a rien à voir même si en effet tout a été vite entre eux. En à peine 2 ans, elle a fini mariée et maman avec un jeune homme un peu plus vieux qu’elle. Mais son père ne s’est jamais opposé à ça parce qu’il a vu combien ils s’aimaient. « C’est faux et tu le sais… si seulement je pouvais retrouver cette pétasse avec qui il m’a trompé…. Tu crois qu’il veut divorcer pour elle ? Pour se mettre…. Avec elle ? » « Sarang, arrête de penser à ça. » « Comment tu veux que j’arrête ? Ça fait tellement mal. » En entendant la petite ronchonner, elle se redresse, essuyant son visage. « Je dois aller m’occuper de Nari… je te rappelle Appa… » Elle raccroche en soupirant, sortant de sa cachette pour aller s’occuper de son bébé. La gouvernante arrive en même temps, laissant la maman faire tout en gardant un œil alerte avant de partir préparer le petit déjeuner. Elle habille la petite après l’avoir changée, descendant pour lui donner son petit déjeuner, profitant avant de devoir aller travailler, heureusement qu’elle n’a pas des journées trop chargées, travailler de 10h à 17h n’est pas une plaie, il faut le dire. Elle avale un café pendant que la petite dévore un biscuit sagement tout en mâchouillant un jouet, elle sourit en regardant sa petite puce. Soudain, on sonne à la porte, elle sursaute et se lève. « Laissez, je vais voir. » Son père lui a toujours appris à se débrouiller seule, pour elle, la gouvernante est là surtout pour gérer le ménage qu’elle n’a pas le temps de faire et éviter la crèche à Na Ri. Elle ouvre la porte. Son cœur s’arrête. Elle fixe Chace sans savoir quoi dire. Malgré tout, elle reste une bonne actrice. Pokerface. C’est son maître à penser depuis deux mois. C’est mieux ainsi. Ne pas pleurer devant lui, elle a sa fierté, son orgueil mal placé. Elle le regarde, il semble surpris de la trouver là. « Je commence plus tard aujourd’hui. » Elle se pousse pour le laisser entrer. « Mais j’vais m’en aller, j’ai un rendez-vous à la banque avant, tu peux rester ici avec Na Ri. » Elle va embrasser sa fille, attrape son ordinateur, son manteau et son sac à main avant d’enfiler ses chaussures. « Sarang… tu as regardé les papiers ? » « Je les ai regardé oui. » « Et ? » « Et rien…. Je les signerai pas. » Il soupire en la regardant. « Mweo !? Je sais que tu m’aimes encore… et même si t’as fait le con, je t’aime. Tu veux qu’on divorce ? Moi non. C’est mon droit de ne rien signer…. Si tu veux vraiment que ça s’arrête, dis à ton avocat d’attaquer le mien si tu veux…. Mais je signerai rien. » Elle lui échappe, enfilant ses talons hauts avant de sortir de la maison. Une fois dans le jardin, elle se pose contre un arbre, prête à s’effondrer en sanglot. Elle inspire un grand coup avant de s’en aller, prenant son téléphone pour appeler un des cousins. « C’est moi, on peut manger ensemble à midi ? D’accord, à tout à l’heure. » Une fois dans sa voiture, elle songe. Elle songe à son enfance heureuse malgré l’absence de sa mère, aux moments avec son père, le paintball et le foot avec les garçons, les soirées avec Chace à faire les andouilles, la naissance de Nari… elle songe aux bons moments, c’est mieux. Finalement, elle démarre et s’en va au travail, un bon moyen de ne pas penser aux soucis quotidiens, surtout que malgré tout, Chace et elle devaient avoir l’air d’un couple heureux aux yeux des autres de par leur statut social. Alors faire semblant est devenu une habitude dans sa vie. Le reste de sa journée ? Eh bien, jusqu’à midi, elle s’est chargée de la mie en page de la couverture du forum, à midi, elle a rejoint Mickey pour un déjeuner plutôt drôle à se parler de tout et de rien, de l’enfance, sachant qu’avec les frères Lim, elle arrive oublier ce qui lui fait mal tous les jours. Ensuite, elle s’est remise au travail avant de rentrer le soir dans une grande maison vide, retrouvant juste sa fille et la gouvernante, plongeant à nouveau dans une douleur impalpable. Dans une douleur morale. Et le lendemain, les choses recommencent. Et ainsi de suite, et ainsi de suite….