Une petite truffe fraîche se colla son nez alors qu’il était dans un demi-sommeil. Rien de très profond comme rêve en tout cas. Il attrapa contre lui la petite peluche qui essayait de lui manger les cheveux (nouvelle obsession depuis trois jours) et lui gratouilla le ventre pour la calmer, c’était radical au moins. Ils étaient contents de voir que Barbie allait de mieux en mieux, de sale et maigrichonne, elle était devenue pelucheuse et en forme. C’était pas si mal après tout en sachant que ni lui, ni Mikki ne savaient réellement comment éduquer un chiot ou s’en occuper. Le seul point d’ombre restait sûrement Hyodae… elle persistait à s’attaquer aux jambes du jumeau démoniaque, il ne savait même pas pourquoi. Il se retrouva le visage couvert de léchouille et attrapa son téléphone dans un soupire. Déjà 13h40… Aish. Il devait se bouger pour être à temps à l’hôpital. Il grogna faiblement en se recouchant, provoquant un faible jappement très aigu chez la petite chienne qui lui arracha un sourire. Il se leva en la prenant dans ses bras, comme si elle était parfaitement incapable de marcher. Il en profitait surtout avant qu’elle ne devienne trop grande. Avançant comme un robot vers le salon. Tout l’appartement était vide, Mikki n’était nulle part, pas même étalé dans son lit. Il haussa une épaule en regardant la chienne.
« On mange, j’me lave… et on part. » Oui, on part. Il était bien décidé à la prendre avec lui jusqu’à l’hôpital, un bon alibi en soi du genre : non non, j’ai juste fait une énorme promenade avec la chienne pour m’assurer qu’elle finira pas grasse comme toi. Et puis, il se disait aussi que ça ferait sûrement plaisir à Mrs Cha de voir autre chose que des blouses blanches, elle devait sûrement déprimer à force de rester là-haut, lui se serait déjà tirer une balle. Il se posa à la table de la cuisine, attrapant des céréales, un bol (ou un saladier plutôt) et du lait pour s’en faire un bon repas. Il en fit un pareil pour la chienne qui lui faisait des yeux de merlan fris et la fit monter sur la table en souriant.
« Bogo ! » Il lui caressa la tête.
« Si tu racontes ça à quelqu’un, j’te laisse plus dormir avec moi ! » Elle couina comme si elle venait de comprendre sa phrase, il eut un petit rire avant d’engouffrer son repas tant bien que mal. Il se précipita dans la douche, l’eau était froide comme souvent, lui serrant le cœur à n’en plus finir. Foutu appartement. Il se pressa pour en finir rapidement et sortit pour se coller prêt d’un radiateur histoire de réchauffer sa peau. Non franchement même pour lui s’était abusé comme situation. Il remarqua la chienne en train de mordiller un de ses jouets tranquillement devant le canapé et l’observa avant de rejoindre sa chambre pour enfile un jean, un marcel et un pull noir à col roulé. Il se coiffa et attrapa une veste chaude, puis des baskets, le harnais de la petite, son téléphone et portefeuille et sa feuille de rendez-vous avec le médecin. Il attrapa une écharpe et la passa autour de son torse et d’une de ses épaules. Dieu, comme son corps lui faisait encore mal. Déjà une semaine depuis la bagarre et même si son visage commençait à bien cicatriser, ce n’était pas vraiment encore le cas pour ses côtes et son genou. Il attrapa Barbie dans ses bras et lui enfila le harnais et la laisse avant de chopper son casque de moto et de partir avec elle. Une fois en bas, il la laissa faire ses petites affaires avant de l’attraper pour la mettre dans l’écharpe qui faisait office de porte-chiot et de fermer son manteau pour qu’elle soit parfaitement maintenue.
« Tu bouges pas maintenant, sinon on va finir à la morgue ! » Enfilant son casque, il grimpa sur sa moto avant de démarrer promptement pour filer en direction de l’hôpital, s’arrêtant avant dans une petite épicerie pour prendre des chocolats noirs. Néanmoins, lorsqu’il passa devant une boite au lait, il poussa un long soupire.
« Aish…. Je suis complètement con… » Il l’attrapa et alla à la caisse pour les faire emballer ensemble avant de repartir. Lorsqu’il se gara à l’hôpital, il vérifia que la chienne dormait bien et s’avança dans le hall, marchant rapidement pour ne croiser personne, tête baissée comme toujours, il empruntait même les escaliers jusqu’au 5ème étage. Tant pis si c’était tuant, il ne voulait rencontrer personne. Il arriva finalement au service de cardiologie et se posa contre un mur le temps de récupérer un peu. C’était vraiment épuisant mine de rien. Il donna son papier à la secrétaire et attendit sur une des chaises. Il fut appelé au bout de 20 minutes et entra dans le bureau du médecin sans s’asseoir, il voulait juste récupérer son ordonnance après tout.
« Installez-vous. » « Ça ira… » « Installez-vous. » Il haussa un sourcil devant son regard insistant et se posa alors en priant pour que la chienne reste tranquille.
« Comment allez-vous ? Honnêtement ! » Il le fixa légèrement surpris avant de sourire en coin et de rire faussement.
« Pas de jeu avec moi Yong Shin-sshi. » Il se stoppa étonné avant de regarder le bout de ses doigts qui était légèrement bleutés, il posa alors une main sur ses lèvres en se disant qu’elles devaient être dans le même état.
« Enfin vous comprenez. » il soupira.
« Ça arrive de temps en temps et alors ? Je suis encore debout non ? » « Votre père avait éprouvé ce genre de symptôme seulement durant les deux dernières années de sa vie. » Il planta son regard sombre dans celui du vieux médecin. C’était comme une bombe qu’il venait de faire exploser.
« M…mweo ? » Il était rarement si… speechless mais là, il était parfaitement sur le cul.
« J’aimerai vous examiner, je sais que le bilan ne doit se faire qu’à la fin du mois, mais je ne veux pas attendre jusque-là. » Il pensa à la chienne.
« Je n’ai pas… » et un couinement se fit entendre, puis une tête poilue sortit par le haut de son manteau, lui léchant le menton avec gourmandise.
« Un chien ? » « Aish… Je sais que c’est interdit ici, mais je pouvais pas la laisser seule, je pensais pas rester. » Bizarrement, la situation amusa le vieux chef de service qui attrapa le petite boule de poils le temps que Shinie aille se mettre torse nu sur la table d’examen. Il la posa ensuite sur le sol, la laissant jouer avec une boulette en papier.
« Voyons voir ça… » Il posa le stéthoscope gelé sur le torse de son patient, écoutant avec précision chaque battement, puis il le fit s’allonger et en profita pour lui faire une échographie.
« Je ne la facturerai pas celle-là. » Il savait parfaitement les difficultés financières du jeune homme et n’allait pas le mettre un peu plus dans la misère. Silencieusement, il observa ce qu’il voyait avec attention comme un religieux devant sa bible.
Au bout de dix minutes, il se stoppa le laissant se rhabiller, lui donnant sa chienne qu’il cacha à nouveau sous son manteau.
« L’opération devient une urgence vitale. Vous avez de plus en plus mal non ? » « Oui mais vous aviez dit que ça serait comme ça. » « Votre trou s’est élargi d’un millimètre en 4 mois… Pour le commun de mortels, c’est à peine rien…. Pour vous c’est un pas de plus vers la mort. » C’était dur de l’entendre dire ça, vraiment. Encore plus depuis qu’il devait affronter ça seul depuis 8 ans.
« Vous aviez dit… que je pourrais dépasser la trentaine comme mon père… Je comprends pas. » « Ça avance beaucoup plus vite dans votre cas… La malformation est vraiment prononcée et votre cœur épuisé, c’est une nécessité, c’est vital… Il faut que vous trouviez l’argent nécessaire pour l’opération au plus vite. » Il n’osait pas le regarder se concentrant sur le vide devant lui.
« Et sans… combien de temps ? » Il observa le jeune homme.
« Comme vous ne vous ménagez pas que ce soit par votre train de vie ou votre métier… 2… peut être 5 ans… » Il bascula sa tête vers l’arrière, fixant alors le plafond, hors de question de pleurer encore, il allait défier la gravité encore une fois et ravaler ses larmes le plus rapidement possible. Il se redressa et attrapa l’ordonnance devant lui, il avait augmenté le traitement et avait rajouter des antidouleurs.
« Gomapseumnida… » Il s’inclina avant de sortir rapidement du bureau, une fois la porte close, il se posa contre celle-ci et fixa le sol un moment. Cette foutue peur revenait dans ses entrailles. Il savait que la mort attendait tout le monde et même s’il avait une vie merdique, il pensait pouvoir en profiter un peu plus quand même… Deux à cinq ans, comment avait-il pu lui balancer ça comme ça… Il frappa le mur avant de pousser un soupir rageux.
« Focus Shin…. Focus… » Il devait se reprendre, ça ne devait pas le mettre à terre.
Il retourna vers les escaliers, affichant son regard de tueur, portant son casque et les chocolats. Il n’était pas sûr d’être une agréable compagnie après une telle annonce, mais il savait que la mère de Cha-chieuse l’attendait sûrement puisque sa fille avait dû lui dire qu’il viendrait aujourd’hui. Il grogna en descendant les marches, seulement un étage les séparaient, ça allait vite. Il entra dans le service et se dirigea machinalement vers la chambre de la dame. Il toqua et attendit qu’on lui réponde pour pousser la porte. Elles étaient déjà là toutes les deux. Il s’inclina devant la femme, vraiment poliment. Il avait de la tendresse pour elle, peut-être parce qu’en un sens, il les comprenait. Il comprenait la maladie, il comprenait Eun Hye qui trimait pour s’en sortir, il savait tout ce que ça engendrait. Il avança avec les joues légèrement rose et tendit le sachet à la femme sans porte un regard vers la chieuse qui devait se demander s’il y avait les chocolats qu’elle lui avait réclamé.
« Oh Yong Shin-ah, c’est adorable merci, j’aurais aimé savoir pour vous offrir aussi quelque chose. » « Aniyo…. J’ai besoin de rien, j’vous assure. » Il restait debout, mais l’aliène sous son manteau commença à s’agiter, elle devait crever de chaud comme lui, il ouvrit alors sa veste et l’attrapa dans ses bras pour la poser alors sur le sol.
« Je sais que c’est interdit mais je pouvais pas la laisser à la maison et j’me suis dit que ça vous ferez une autre compagnie le temps qu’on reste un peu. » Quand il vit le sourire de la femme, il attrapa Barbie pour la porte et lui mettre dans les bras. Il devait sûrement passer pour un grand crétin au cœur tendre et ne préféra pas vraiment regarder vers Eunie. Sa mère ouvrit alors le paquet, découvrant la boite de chocolat ainsi que la seconde.
« Tiens ma puce, c’est pour toi celle-là je crois. » Et voilà… Cette fois-ci, il était mort. Il détourne sa tête en se mordant la lèvre, se traitant mentalement de grande courge pour avoir cédé….