Il est né à Séoul dans une famille pauvre, comme beaucoup d’enfant en réalité. L’élite de la richesse n’était pas une chose facile à atteindre, il y en avait peu mais c’était ce qui faisait leur charisme justement. Cette rareté. Alors que la pauvreté était une chose si commune ? Pourquoi se retourner dessus ? Bo Rah n’avait que 18 ans lorsqu’elle mit son fils au monde, mariée depuis ses 17 ans, la grossesse était arrivée rapidement. Ce n’était pas vraiment le meilleur des soulagements pour une jeune fille très campagnarde qui n’a jamais aimé la ville et qui se retrouvait mariée à un ouvrier gentil mais un peu simplet. Rien de très honorifique mais elle était la 3ème fille d’une grande famille, il fallait la caser et faire une bouche en moins à nourrir en sachant que 4 enfants étaient encore derrière elle. Les dures lois de la pauvreté ne ? Shin Hyeok était un jeune homme d’à peine 20 ans, travaillant depuis ses 16 ans comme un forcené, il avait toujours eu un côté un peu simplet, pas vraiment bon à l’école sauf quand on parlait mathématiques, rien ne lui résistait. Il n’avait jamais pensé au mariage. Il se trouvait laid, pas vraiment bon pour quelqu’un… Mais ses grands-parents en avaient décidé autrement. Même dans la merde, il fallait avoir de la dignité jusqu’au cou pour ne pas se faire bouffer par les lions. Lorsqu’il a tenu son fils pour la première fois dans ses bras, ce fut un grand moment pour lui. Heureux et à la fois attristé. Il s’en voulait de plonger un petit être innocent là-dedans. Malgré tout, la naissance de son fils fut un grand moment pour lui. Bo Rah avait accouché en même temps qu’une autre jeune femme. Des jumeaux carrément. La pauvre. Deux fois plus d’ennuis avait-elle pensé alors sur le coup en voyant les deux petites terreurs pleurer pour s’accrocher aux seins salvateurs de leur mère. Mais elles avaient sympathisées, tellement que lorsqu’elle lui proposa de venir vivre dans le même immeuble qu’eux (là où un appartement venait de se libérer), elle fonça directement sans même demander un avis à son mari. Elle venait de se faire sa première amie ici, hors de question de perdre ça et Shin Hyeok l’avait bien compris. De plus, c’était compliqué de lutter contre le caractère bien trempé de sa femme. Sur ce point-là, lui et Sun-sshi avaient les mêmes contraintes. Yong Shin avait quelques heures d’avances sur les deux petits garçons, mais son père aimait penser que de tout ça allait naître une grande amitié entre eux. Dès leurs naissances, ils étaient ensembles dormant parfois tous sur un même futon emmaillotés dans des couvertures en laine sans pouvoir broncher. Le destin avait voulu les réunir le plutôt possible, c’était si rare. Yong shin était un bébé assez calme par contre, il avait constamment fin, assez pour que sa mère l’allaite jusqu’à ses 7 mois et qu’il ne commence en même temps à manger d’autres choses. Il était un gros bébé au grand désespoir de sa génitrice qui le trouvait laid comparé aux jumeaux. Ils étaient sans cesse comparés, mais à l’époque, ils ne pouvaient pas s’en rendre compte. C’était un mal pour un bien. Les ennuis commencèrent dès le moment où ils apprirent à marcher et parler sans compter que Nana prenait un malin plaisir à leurs montrer des bêtises. Les jumeaux faisaient souvent des coups ensemble, mais on pouvait facilement voir que Shinie n’était pas loin dans tout ça. Trio infernal se changeant parfois en quatuor incontrôlable. I’ll be there for you était sûrement leur devise.

L’enfance, le moment de faire ses preuves dans le monde des enfants, pour eux, c’était dans le monde de la rue surtout. Ils s’élevaient seuls parce que leurs pères étaient trop absents à trop bosser, leurs mères trop occupées à faire les commères en bigoudis devant la TV à épier les moindres gestes de tous les voisins. Eux, ils s’élevaient en prenant exemple sur ce qu’ils voyaient. Bien-sûr, dès le départ, ils étaient des voyous, les terreurs de l’immeuble, pas encore du quartier, mais ça n’allait sûrement pas tarder. Les premiers délits étaient les plus mignons, ça les avait tout de même fait basculer dans un monde trop sombre, même pour eux. Ce n’était que des bonbons après tout. Ils n’étaient que des gosses voulant tout ce que les autres pouvaient avoir si facilement. Ils n’avaient jamais eu d’argent de poche et en général quand un recevait un cadeau, ça finissait souvent en partage à trois. Shinie n’a jamais eu l’impression d’être la cinquième roue d’un carrosse. Les jumeaux avaient un lien fort entre eux, c’était indéniable, mais ils étaient une trinité malgré tout. Il ne s’était jamais senti en reste. Les ennuis arrivèrent en même temps que la pré-adolescence. Les premiers émois avec la police. Une grande trouille pour les trois compères à vrai dire. Entrer dans les petits papiers de la police n’était pas la meilleure chose à avoir derrière soi, et ça aurait pu mal se passer s’il n’y avait pas eu l’inspecteur Kim. A cet homme. Les gars lui devaient une fière chandelle en réalité, et encore maintenant, Shinie n’arrivaient pas comprendre pourquoi cet homme les avait aidé dès le début. Bon certes, ils étaient innocents pour une fois, ils avaient juste la tête des coupables idéaux pour tous les gens du quartier qui ne cherchaient pas plus loin que ça. C’était si facile de les pointer du doigt. Il n’avait que 12 ans, mais Yong Shin avait compris qu’ils s’étaient fait un allier. Pour combien de temps ? Il n’en savait rien, mais il savait qu’il aurait aimé l’avoir derrière les fesses durant longtemps. L’inspecteur Kim était sûrement une des personnes s’inquiétant le plus de leur sort. Ils ont bien profité de l’aide du brave inspecteur, mais au fond, Shin savait que si un jour l’homme leurs demandait de l’aide, ils iraient sûrement au-devant de sa demande après tout ce qu’il avait pu faire pour eux.

Les vraies choses arrivèrent vers leurs quinze printemps. C’était au début, une belle époque. Même si les gars n’étaient pas forcément les meilleurs à l’école. Enfin, parlons surtout de Yong Shin. Il cachait son intelligence, parce que des trois, il était la tête pensante, celui à trouver les bons plans, à savoir réfléchir dans l’action. Comme pour son père, les mathématiques n’avaient aucun secret pour lui, mais il avait surtout une bonne mémoire. Retenir les choses, c’était facile pour lui, comme l’anglais. Il a vite appris à le comprendre et à le parler, mais hors de question de le montrer. Il avait la même opinion que Mikki sur le sujet. Les gosses de la rue restaient des gosses de la rue. Son quotidien n’allait pas changer, il était fait pour trimer toute sa vie. Comme eux, comme leurs parents. C’était ainsi. Pourquoi montrer qu’on était bon à l’école ? Il ne le montrait que durant le sport, les bagarres pendant la récrée et les moments dans le déjeuner où il fallait s’imposer un peu. Et puis bien sûr, ils commencèrent aussi à n’avoir d’yeux que pour les filles. Les jolies évidemment parce que Shinie était le genre à balancer en pleine tête : Non merci, t’es moche. Pourquoi se faire chier après tout ? Il savait qu’il plaisait, autant en profiter en étant chieur sur les bords et en voulant le meilleur. Mais le meilleur pour lui c’était Nana… Depuis longtemps c’était elle. Belle, rebelle, sensuelle. Déjà gamin, il admirait la jeune femme du coin de l’œil, maintenant qu’il se considérait comme un mini mâle, il la fixait un peu plus. Elle était le summum à ses yeux. Mais il avait tellement l’impression d’être invisible pour elle. Et puis, elle avait un copain, un beau (moche) rebelle (emmerdeur) qui lui faisait voir les étoiles (à force de la rendre dingue dans tous les sens du terme). Comme il pouvait le détester ce fils de chacal… Et il ne comprenait pas vraiment ce qu’elle pouvait bien lui trouver. Il ne savait pas vraiment. Le cerveau féminin restait de l’inconnu pour lui et ça allait sûrement être ainsi toute sa vie. Mais Nana déconna. Sévèrement même. Il était touché, pas autant que les Sun, mais tout de même. Il considérait les parents de grumeaux comme son oncle et sa tante à force de vivre à côté d’eux. Mais voir Nana finir en prison fut un coup dur. D’autant plus que par la suite, son père s’effondra en pleine rue alors qu’il devait le rejoindre pour lui apporter un déjeuner oublier. Il l’avait vu se tenir la poitrine, il avait vu l’angoisse dans ses yeux, et il l’avait vu tomber. Il en avait lâché le sachet qu’il portait pour venir le tenir dans ses bras. Tout ce que son père avait su lui dire fut : sauve-toi. Yong Shin n’avait pas compris le sens de cette dernière requête sur le coup. Il se souvenait juste des passants s’étant arrêtés autour d’eux, de la douleur qu’il avait eut dans le cœur. Ce n’était pas la première et il avait assimilé ça à un trop plein d’émotion. Les jours d’après furent durs. Sa mère devint une vraie loque, ses petites sœurs étaient complètement perdues et il s’était retrouvé à devoir avoir deux jobs étudiants en plus de ses études pour pouvoir nourrir tout le monde. Heureusement que l’appartement n’était pas si cher que ça…. Ils avaient été propulsé tous les trois dans le monde des adultes par un grand coup de pied au cul. Un soir, en rentrant, il avait trouvé sa mère complètement ivre et incapable de s’occuper de ses filles qui crevaient de faim. Il avait emmené les petites chez les Sun le temps de pouvoir nettoyer un peu l’appartement et de dessaouler la chose qui lui servait de parent unique. « Laisse-moi ! » « Omma… arrête. Tu te fais du mal et tu nous fais du mal ! Les filles ont besoin de toi, je peux pas être un frère et un père pour elles. » « Tu serais rien Shinie ! Tu seras rien ! Tu es comme ton père ! » Elle l’avait alors frappé au torse, il avait grimacé sous le coup, lui qui faisait tout pour ne jamais recevoir un coup dans la poitrine sachant que ça lui ferait forcément trop mal sans savoir pourquoi. « Omma… » « TAIE-TOI ! Tu comprends vraiment pas ? Tu vas faire comme lui, tu vas mourir trop vite ! » Elle était en larmes en se tenant à un meuble avant de se laisser tomber au sol, l’alcool ne l’aidant pas à rester debout. « Appa est mort d’avoir trop bossé. » « Tu es si stupide Yong Shin… tes professeurs ont bien raison… » Il avait envie de la secouer, il en avait marre de se faire rabaisser ainsi. « OMMA ! » « TU VAS MOURIR AUSSI ! TU ES MALADE COMME LUI ! » Son souffle se coupa sous l’annonce. Il ne comprenait pas. Elle renifla un grand coup avant d’éclater en sanglot. « Il avait une malformation au cœur, comme son père, comme son frère, comme son grand-père, comme toi…. » « Mweo….. ? » Il tomba à genoux sous l’annonce, il savait que son grand-père était mort assez jeune, il avait 48 ans, mais c’était un accident de voiture… enfin, on lui avait toujours dit ça. « Mais… pourquoi vous avez rien dit ? » « Parce que tu semblais aller bien, ton père va mal depuis ses 5 ans, plus ça se déclare tôt plus tu meurs jeune. » Il devint pâle, presque blanc, il se tenait la poitrine en repensant à toutes ses fois depuis ses 10 ans où il avait ressenti des douleurs, ou se lever était dur, ou courir devenait une torture. Toutes ses choses qu’il n’avait jamais dites à personne parce que payer un docteur et de médicaments ce n’était pas dans leurs moyens. « Mianhae Yong Shin…. On t’a condamné plutôt que prévu…. »

Ce fut après ça qu’il bascula. Il était condamné, comme tous les êtres humains, c’était vrai. Mais il n’allait probablement pas dépasser les 35 ans, comme son paternel avant lui, comme d’autres mâles de leur famille. Son cœur mourrait petit à petit. Il avait trouvé un papier un jour expliquant que c’était dû à un trou entre ses deux ventricules. Trou qui nécessitait une opération et qui s’agrandissait avec l’âge. Mais Shinie se voyait surtout comme un condamné à mort avec une période de vie limitée. Alors autant la vivre à fond. Les vraies conneries commencèrent, ils allaient toujours plus loin, il devenait de plus en plus tête brûlée, il devenait de plus en plus bagarreur. De l’extérieur, on y voyait juste un gamin voulant un certain contrôle sur tout depuis qu’il était orphelin, mais lui savait que c’était juste une façon d’être un peu plus vivant. La seule façon qu’il avait trouvée en réalité. Et bien sûr, il comptait crever en emportant son secret avec lui. Même si parfois, c’était plus que complexe de le cacher aux gars. Ils basculèrent dans la mafia à cause d’une foutue partie de poker. Il savait qu’il pouvait la gagner, il pouvait mémoriser les cartes, comprendre les jeux des gars en face, il savait qu’il pouvait à tous leurs mettre une pâté et amasser assez de fric pour lui et les gars. Il savait qu’il pouvait le faire. Il aurait pu en réalité si en face il ne s’était pas trouvé en face de mafieux. Ils furent sauvés par un illustre inconnu. Enfin…. Sauvés n’était pas le mot juste. Piégés plutôt. Comme des rats. Comme des cons. Lorsqu’ils apprirent qu’il était un mac, Shinie eut peur. Peur parce qu’il ne voulait pas se transformer en escort-boy… Il avait sa dignité non d’un bol de kimchi. En réalité, le deal qu’il leurs proposa le dégoûta un peu plus. Il ne comprenait certes rien aux filles… Il se détestait de devenir une sorte de bourreau. Chauffeur, accompagnateur, livreur de paquets…. Ils étaient tout et rien à la fois, ils étaient les grands méchants loups devant faire la loi parmi des brebis apeurées. Il savait parfaitement qu’elles n’étaient que de la chair à saucisse. Mais ils étaient bien payés… Il avait pu refaire l’appartement, changer les peintures, acheter de nouveaux meubles, se mettre en coloc avec Mikki, envoyer ses sœurs dans de bonnes écoles et non celles où lui était allé. Sa mère n’avait pas besoin de travailler, il avait inventé une excuse bidon pour justifier leurs déplacements un peu partout et jusqu’à présent ça marchait pas mal. Jusqu’à ce que Nana ne soit impliquée. Le buisness hein ? No way. Il n’allait certainement pas laisser faire ça, lui comme les grumeaux étaient contre. Hors de question qu’elle ne subisse ça. Mais leur plan ne fut pas si brillant que ça. Certes, ils arrivèrent à récupérer Nana encore choquée mais bien là…. Mais l’échange ne fut pas simple. Pour récupérer la belle, ils avaient dû en donner une autre en échange. Ce qui déplut fortement Nana lorsqu’elle l’apprit. C’était normal de la voir s’énerver et réclamer le retour de sa meilleure amie. Mais ils avaient les poings liés. C’était presque impossible de pouvoir faire un nouvel échange et même si c’était possible, ils allaient sûrement devoir proposer une « femelle » de choix pour tous les « soucis » qu’ils apportaient à leur boss. Sundae était contre, bien entendu. Il avait peur et à juste titre. Tenter de récupérer la jeune femme allait forcément se retourner contre eux. Mais Mikki refusait de laisser tomber sa sœur… Yong Shin refusait d’abandonner parce que Nana restait son premier amour. Depuis les tensions s’étaient installés dans le trio, aussi présentes dans la vie de Shinie que son cœur déraillant de plus en plus malgré toute la force qu’il mettait à ne rien laisser paraître.