Jeju c'était pas mal beau quand on y pense. C'était tranquille, c'était pépère, rien à voir avec ma vie de maintenant. On voyait de tout mais c'était tellement normal qu'on finissait par plus rien voir. Les touristes qui affluent sans cesse peu importe la saison, les nudistes sur la plage, on s'y fait, et ça devient un élément indisociable de la routine. Moi, je suis né là, à Jeju, le cinq mai. J'ai un grand frère, Jin Woon, de trois ans mon aîné, et deux parents comme la plupart des gens. Petite j'ai toujours été une enfant qui réclamait l'exclusivité, et étant la petite dernière et une fille de surcroît, toutes les chances étaient de mon côté pour que je l'obtienne. Je l'ai obtenue évidemment, au grand désespoir de mon aîné. Gâtée jusqu'à l'excès, j'ai eu tout ce que je désirais quand bien même mes parents n'étaient pas riche, et c'est peut-être ce qui fait de moi la personne aussi égoïste et imbue d'elle même que je suis aujourd'hui ? Peu importe, j'y accorde bien peu d'intérêt, car malgré ce côté j'ai été une bonne élève, une fille propre sur soit et très travailleuse. Mon frère prenait des cours de hip-hop pour passer le temps, et c'est en le voyant pratiquer que j'ai voulu l'imiter au point que cela en devienne, en plus d'une obsession, un besoin. Je baigne donc dans le milieu de la danse depuis ma plus tendre enfance.

Les jours passant et les études s'enchaînant j'ai finis par avoir une vie plus que comblée. A l'école on m'appelait « La brioche cuite à la vapeur » en raison de ma tête en forme de petit pain et mes grosses joues. J'avoue en effet avoir eu des rondeurs plus que conséquentes et ce malgré mes talents de danseuse. Et même si j'en souffrais grandement, j'étais une adolescente comme les autres : Comme n'importe qui j'étudiais, je sortais et je rêvais de gloire et de célébrité. Qui n'a jamais rêvé de devenir idole avec tout ce qui se passe autour de nous ? Ces personnes magnifiques, ces chanteurs talentueux, .. Heureusement qu'il y avait le Velvet Dust pour donner l'impression d'être déjà une star dans de beaux vêtements. Naturellement je n'avais pas abandonné la danse, ça me permettait d'avoir une activité sportive, mais cela devint de plus en plus difficile : corps en constante expension ( autant en hauteur qu'en largeur), hormones, j'ai manqué plusieurs fois d'abandonner. Mes parents m'ont alors offert la chance de participer à un concours national, une sorte de dernier cadeau, d'adieu à la danse si l'on peut dire. Allez savoir comment, pourquoi, une boule comme moi a réussi à finir deuxième. Mais ce ne fut pas tout. J'ai également été repérée par un manager connu, que je prenais alors pour un simple homme un peu étrange. J'avais quinze ans, j'étais ronde, j'étais laide, mais j'avais une voix au timbre unique et une capacité certaine pour danser. Mais mieux encore, j'étais devenue Trainee. Il me fallait déménager, ainsi j'ai rejoint Seoul : mes parents étaient prêts à tout pour la petite princesse que j'étais. Je leur ai fait perdre leur emploi, mon frère a quitté ses amis.. mais je m'en moquais comme de mon premier string, j'étais heureuse.

Puis la réalité est tombée : j'étais trop grosse. Il me fallait avant tout faire un régime, et vite. Du sport, de l'entraînement vocal.. j'ai appris à danser, mais aussi à tricher. Se faire vomir est quelque chose d'affreux, mais je crois qu'il fait entièrement partie d'une vie de star. Pendant trois ans je suis restée Trainee, à l'essai, dans l'espoir de décoller un jour. Et lorsque je fus mure, prête, à mes dix huit ans, le groupe fit ses débuts. En effet je n'étais pas seule, et ainsi je me sentais forte. Et je me sentais belle. Je suis devenue une icone, une Diva, une célébrité. J'ai réalisé un rêve de petite fille sans vraiment avoir eu à bouger le petit doigt, si ce n'est pas merveilleux. Je suis une chanteuse talentueuse et prometteuse, une danseuse eblouissante, je suis une Body Queen même. Alors, jaloux ? Non tu rêve pas, sur tout ce que j'aurais pu te dire de ma vie je t'ai simplement expliqué comment je me suis hissée à ce niveau si supérieur au tien. Quoi, tu n'attendais pas que ceci ? Je m'en moque, si tu savais comme je me désintéresse de mon premier bulletin de note ou de mon premier amour. Baisse d'un ton, tu n'es pas mon égal, adresse-toi mieux aux Dieux.

Tu es étonné ? Derrière ma bouille de bébé, mes aegyos, mes sourires et mon air sociable, je ne suis pas vraiment ainsi. Egoïste et égocentrique, je pense avant tout à moi, mais c'est normal, c'est ce qu'on appelle l'instinct de survie.