J'étais épuisée voir exténuée. Je ne savais pas comment je faisais pour ne pas m'effondrer de fatigue, à force de tout accumuler. J'avais la sensation que mon corps en était arrivé à ses limites, mais que ça ne m'empêchait pas d'encaisser les coups et les insultes. Je pense qu'à force je m'y étais tellement habituée que je me disais que je pourrais tout surmonter, j'avais eu tort certainement. Un peu de répit c'est ce que je souhaitais. J'étais humaine après tout, en plus d'être une jeune femme. Ce soir, je n'allais pas être de service j'allais peut-être pouvoir reprendre des forces et me reposer. Pourtant, j'étais tellement en colère contre le monde, que je ne parvenais pas à me calmer ni même à me détendre en pensant à autres choses. Mon appartement était silencieux, l'ambiance aurait dû me permettre de me ressourcer, mais je n'y arrivais pas. J'avais pris une douche, j'avais sur moi des vêtements confortables et loin d'être désagréables à porter, bien au contraire. J'étais en survêtement.J'avais peut-être besoin de prendre l'air, d'être dans un cadre plus apaisant pour ne plus penser à la réalité. Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Je prends mon portable qui était sur la table du salon, je baisse le son et je m'installe sur le canapé. Je prends le temps d'envoyer un sms à Seung Ho, je souhaite le voir et il a intérêt d'être disponible pour moi, sinon je risque de faire une crise de nerf. Je tape nerveusement voir un peu trop fort sur les touches, me mordant la lèvre inférieure d'énervement sans doute, que je parviens encore à garder au fond de moi. Je bouge pas mal sur le canapé, sans savoir pourquoi. Je relis deux ou trois fois de sms, que je corrige à certains endroits, me trouvant soit trop rude ou trop frêle. Je ne sais même pas si ce que je vais avoir écrit, voudra dire quelque chose ou pas. J'en ai marre de me relire donc je finis par lui envoyer ce sms.



« Seung Ho. Ramène tes fesses dans le parc à 19h tapante et t'a pas intérêt à être en retard ! T'es mort sinon ! J'ai besoin de ton épaule là ! Je n'ai que toi ... d'une certaine manière! Yuna ~ »



Il ne fait pas froid ce soir. J'ai pu l'apercevoir par la fenêtre. Il n'y avait pas un brin de vent et le temps avait l'air doux. Je ne prends pas de veste. Je tends mon bras, face aux portes clés attachées au mur et je prends la clé de l'appartement. En même temps, j'enfile mes baskets, je vérifie que je n'ai rien oublié. Je sors et je ferme la clé que je mets ensuite dans ma poche. Je n'ai même pas pris la peine de me changer, j'y vais en survêtement il n'y a pas mort d'homme non plus. Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent que je me laisse aller pour une jeune femme de mon âge. De ne pas prendre soin de moi de toute façon les gens sont très douer pour s'inventer des choses sans prendre la peine de connaître les gens, ils les juger sur une première impression. Après tout, je suis exactement pareille où est le mal, hein ? Je traverse les rues, ma façon de marcher montre sans doute mon irritabilité et que je suis pressée. La nuit n'est pas encore tombée donc les rues sont encore sûres à cette heure. Une fois que j'ai passé quelques rues et pâté de maison, j'aperçois l'entrée du parc. Les mains dans mon sweet j'accélère le pas et j'entre, soulagée et plutôt satisfaite d'y être. Je regarde autour de moi, je sors de ma poche mon portable et je regarde l'heure. Je suis en avance d'une demie-heure, mais qu'importe je suis ailleurs et c'est ce qui compte.



Plusieurs bancs ornent les lieux et je ne sais pas où je dois m'asseoir, on va dire que pour le moment je décide de faire un peu de marche. Tout me semble ma fois magnifique à regarder, mes yeux prennent une bonne bouffée de couleur et de senteur. Je respire fortement pour bien y imprégnaient les senteurs. J'aime particulièrement la lavande, car c'est elle qui prime sur les autres senteurs. Je sens déjà que mes pas sont moins pressés. Je décide de m'asseoir sur un banc, j'avoue que l'endroit m'a plu aussitôt, mais il reste assez éloigné du chemin. Seung Ho risque d'avoir du mal à me trouver. Je prends la peine de lui envoyer un sms pour lui dire où je serai et que si jamais il ne me trouvait pas, je viendrais à son avance. J'avais fait en sorte de ne pas paraître irritée ou de mauvaise humeur, je ne sais pas si j'avais réussi ou non. Une fois devant le banc qui se trouve face à la rivière, je m'assois avant de finir par m'y allonger, un bras derrière ma nuque. L'autre dans la poche de mon sweet, où ma main tient le portable. Je ferme les yeux, j'apprécie le calme et le silence. Entendre l'eau bougeait tout doucement, c'est un son agréable à mes oreilles. Je bouge un peu mon visage, tout en inspirant et expirant y appréciant les senteurs. J'entends quelques oiseaux chantonnaient ou piaillaient, mais ça n'a rien d'énervant. J'attends sagement et j'essaie de me détendre ce qui n'est jamais une tâche facile pour moi. Tout à l'intérieur de moi ça ne cesse de bouillonner.

«Dis-moi un peu d'où vient cette manie de n'être jamais ce qu'on est ? » ► MUSSET

Je m'attendais à recevoir un appel ou bien un sms de ta part, pour me dire que tu tais bien rendu et qu'il fallait que j'aille à ton avance pour que tu puisses m'apercevoir. Rien de tout ça ne se fit, je n'étais pas pour autant inquiète. Je remonte mes jambes et je pose mes pieds sur le banc, je tapote légèrement la paume de mes pieds dessus, comme pour passer le temps. Un réflexe je pense avant tout. Je me crispe pourtant sans vraiment le vouloir, je ne peux pas m'empêcher de me contracter quand on me touche comme ça. La preuve, je tente de me redresser, mais je me cogne le dos de la tête sur le bois et je gémis sous la douleur. Je me frotte la tête pour que la douleur s'estompe, mais je ne peux pas m'empêcher de grimacer. Je te lance un regard « assassin », je n'aime pas quand tu me surprends comme ça . Je ne sais jamais comment interpréter tes gestes. Je pense que tu tentes d'être sympathique et que tu sais te montrer conciliant, sans doute plus que tu ne le devrais. Le pire c'est que je ne dis pas assez « merci » de m'accorder ton temps et ta présence, alors que toi tu ne me demandes pas vraiment quelque chose en retour. Mon regard s'adoucit et je soupire, je m'assois sur le banc et je te laisse suffisamment de place pour que tu puisses t'asseoir à côté de moi. Quand tu me dis que tu ne t'attendais pas à ce que je sois là aussitôt . Je ne sais pas trop quoi te dire, ni même quoi te répondre pour ne pas paraître stupide. Déjà je sais pourquoi je suis ici c'est que j'avais besoin de me changer d'air. Je tente de te l'expliquer alors tout en m'assoyant en tailleur sur le banc. Je pose mes coudes sur mes genoux et j'observe le lac en même temps que je te parle.


« J'avais besoin de prendre l'air. Je crois que j'avais besoin de changer d'atmosphère et d'être loin de la ville et de la civilisation. » - je parle sans doute trop, je dois sans doute me confier à toi avec une simplicité déconcertante. Je parais moins froide et moins distante. Le lieu doit sans doute m'y aider tout comme ta présence à mes côtés.


Il n'y a personne autour de nous et c'est que je recherchais, n'avoir personne autour de moi juste, une seule personne que je laisse entrer dans ma vie, d'une manière totalement différente. Je ne me sens pas mal à l'aise auprès de toi. Je sais que tu auras toujours une oreille qui me sera tendue, face à n'importe quelles situations. Je bouge nerveusement sur le banc qui doit sans doute trembler sous mes à-coups que tu dois toi-même ressentir. Je tourne mon regard vers toi et cette fois-ci je peux lire de la fatigue dans ton regarde et j'ose te demander si tu vas bien, parce que je décide de « m'inquiéter » pour toi comme toi tu prends le temps de te soucier de moi.


« Et toi ? Tu as l'air fatigué ? Tu vas bien ? Dure journée au travail ? » - je croise mes bras autour de mon ventre parce que je ne suis pas habituée à me faire du souci pour les autres. Je ne sais pas comment je dois me comporter ensuite. Je pense à Shin et à la découverte que j'ai faite et qui me tracasse comme jamais je ne l'aurai pensé. Et je finis par me demander « ce qu'il peut bien représenter pour moi ». Par contre, je sais que je ne pourrais pas le lui dire parce que je tiens quand même à rester discrète sur sa vie privée. Le véritable souci c'est que je suis exténuée. Je ne sais pas comment je fais pour supporter tout ça. Le fait qu'on use de mon corps sans se préoccuper de ma santé ou si je peux où non encaisser. Je songe à ma vie à ce qu'elle aurait pu être si je n'avais pas été une « enquiquineuse » en voulant désespérant quitter l'Australie. Je n'aurai pas eu cette vie de débauche et je ne serai pas entre dans la mafia. Ma vie ne serait pas en danger tous les jours que dieu fais. Pourtant, Shin ne cesse d'être là, pour me protéger, mais il ne peut non plus me sauver tout le temps, il y a des moments où ça dérape sans qu'il ne le sache vraiment. Moins il en sait et mieux sait, je pense. Comme pour lui comme pour moi. Ensuite, j'ai rencontré Seung Ho et il a pris une place importante dans ma vie aussi, sans l'avoir préméditée ça c'est fait tout simplement. Quand j'ai besoin de pleurer, de me confier et bien il est là, toujours là. Qu'ils pleuvent ou qu'ils neigent. Le temps n'est jamais un frein parce qu'il vient me rejoindre. C'est vrai qu'il tente de me draguer le plus souvent, mais ça ne va jamais plus loin et ça ne le gêne pas. J'ai confiance en lui comme il doit sans doute avoir un peu confiance en moi, pour être venue me retrouver dans le parc. Je le fixe, mon regard doit montrer que je suis fatiguée et que ma colère me ronge intérieurement.


« Je crois que je n'en peux plus ... tout à l'heure je voulais disparaitre ... mais je t'ai appelé parce que je dois encore tenir à la vie ... Seung Ho ... » - mon regard doit certainement se voiler maintenant, et pourtant je retiens mes larmes où je pense parvenir à les contenir, mais en vain quelques larmes tombent sur mes joues que je tente de faire disparaitre avec mes mains comme mes bras et je me cache les yeux. « J'en peux plus de cette vie ... mais je ne peux pas m'en sortir ... comme ... comme je le souhaiterai. Alors je t'ai appelé. » - je dis ça entre plusieurs sanglots et à ce moment-là, j'aimerai être une petite souris pour ne pas que mes larmes ou que ma faiblesse ne paraissent, face au monde et aux autres.

«Dis-moi un peu d'où vient cette manie de n'être jamais ce qu'on est ? » ► MUSSET