Soirée entre collègues. T’as -trop- bu mais tu ne t’es pas laissée rabaisser parce que tu es une femelle, t’as prouvé à ceux qui ne te connaissaient pas que tu pouvais boire comme un homme, sans niaiserie. Et voilà que t’as plus tellement les yeux en face des trous, un brouillard persistant envahit ton cerveau. Et putain qu’il est fort ce son ! Tu plaques une main sur ton crâne et rencontres la coque d’un espèce de casque à la place. Tu ne te poses pas plus de question. C'est là, puis c'est tout. Tout s'emmêle dans ton cerveau ; les bruits de fusillades résonnant dans ton crâne sur ce champ militaire. T’as une arme entre les mains, tu la tiens fermement comme si elle était tout ce qui comptait. Les autres soldats qui étaient avec toi au début sont déjà à terre, du moins c’est ce que tu te dis, tu les as perdu de vue dans l’assaut. Il n’y a plus que toi ici, tu vas devoir te démerder seule pour ta survie, comme toujours, tu ne peux te fier qu'à toi-même. Et dans le fil sinueux de tes pensées te reviennent d’on-ne-sait-où tes réflexes de gangsta, ta ruse un peu hasardeuse à cause de l’alcool. Tu tiens ton arme devant ton visage, pointée vers le ciel, adossée contre un rocher. Tu risques un œil avec précaution de l’autre côté du roc qui te camoufles. Ton cœur s'emballe et tu essaies de le calmer, ce n’est qu’une salle d’arcade, mais t’es pleine comme un tonneau alors tu vois plus la différence entre réalité et jeu. Dans ta tête tu es en danger, des hommes armés sont à ta poursuite. Un nouveau coup de feu défonce ta boîte crânienne, ton cerveau ne supportant plus les sons trop élevés. Ton visage se crispe l’espace d’un instant. Toutefois, complètement dans l’action, tu te ressaisis pour rester professionnel, c’est le moment de mettre en pratique tes réflexes. Tu te glisses vers une autre cachette aussi prudemment que possible dans ton état, la main serrée à t’en déboîter les phalanges autour du gun. Tu inspires et expires rapidement. Et tu pressens alors un jet de tirs arriver sur toi, faut dire qu’avec tout ce bruit tu sais plus où tu crèches et d’où viennent vraiment les sons perçus. Tu te précipites ailleurs en vitesse, trébuchant sur un rien, voilà que tu te ramasses au sol, sur l’épaule, ça te fait rager. Bizarrement quelque chose a freiné ta chute. Ce n’est pas un rocher, c’est trop mou. Un râle te met sur la défensive. T’as percuté quelqu’un, un ennemi ? Non visiblement. « UN SOLDAT DOIT FAIRE ATTENTION A SES SEMBLABLES BORDEL ! TU VIENS DE ME RENDRE AVEUGLE, JE SUIS PERDU MAINTENANT, ON VA SE FAIRE TIRER COMME DES LAPINS ! » Merde. T’as blessé un allié. Tu t’empresses de ramasser les lunettes tombées à terre et de les lui remettre sur le nez en guettant le danger. Tu te retiens de râler vue le ton qu’il a employé pour te parler. T’es pas une subordonnée, il se prend pour qui ? Mais c’est pas le moment de pinailler, puis t'es bourrée il comprendrait sûrement pas ton charabia.
Un bruit de fin du monde emplit ta tête, tu bascules en avant en position coquille pour éviter un tir et de ta main gauche incites le type à faire de même. C’est pour votre bien. Pour votre vie. Au moins vous êtes deux face à l’ennemi, faut être  solidaires, comme des compagnons de galère, même si tu connais pas le mec avec toi et que tu placerais pas ta vie entre ses mains. Les coups de feu cessent, c’est le moment. T’as vu une planque par là-bas, t’essaies de calculer plus ou moins bien la distance qui t’en sépare, mais vue ton coup dans le nez c’est pas glorieux, t’as l’impression que le lieu se déplace, t’as des effets zooms dans les yeux. La ride du lion se creuse entre tes sourcils. Tu ferais bien de ne plus jamais re-boire comme une ivrogne. 3. 2. 1. Tu files vers la planque, mais à la dernière minute tu recules de deux pas pour prendre le type par le bras et l’emmener à ta suite, t’es pas bâtarde, tu vas pas le laisser crever. « BAISSES LA TETE BORDEL ILS VONT TE SHOOTER, T’ES INCONSCIENT OU QUOI ?! »

je ferais pas aussi long après, là je me mets dans l'ambiance /out/