Depuis quelques temps, tu ne lâchais plus les journaux, les médias en général plutôt. Depuis quelques temps, toujours après une séance photo, tu t’asseyais dans un fauteuil, loin de la foule grouillante de toute sorte de personnes, et tu te plongeais dans une exploration minutieuse. Chaque article, chaque potin, chaque interview, chaque presse à scandale étaient passés au crible. Tu t’adonnais au même manège, surlignant ou découpant des articles, entiers parfois, qui parlait de Kwang Yuna. Tu les observais ensuite avec un fin sourire qui montrait ton amusement. Puis tu les rangeais dans un dossier grimé du célèbre « confidentiel ». Tu refusais qu’on touche à cette pochette brune et tu la dissimulais soigneusement sous une autre pile de papiers bien moins importants. Mais qui était donc cette mystérieuse jeune femme dont tu suivais méticuleusement toutes ses apparitions ? Non loin de là. Tu n’en étais pas amoureux bien que, tu ne peux le nier, ce soit une charmante demoiselle. Non vraiment ce n’était pas le cas, ce n’était pas une histoire de sentiments. C’était plutôt un jeu. Un jeu dans lequel tu l’avais amené par toi-même. Un jeu qui t’amusais beaucoup mais qui n’amusait pas la jeune femme. Peu t’importais tant que tu t’amusais.

Ce jeu a commencé lorsqu’un journaliste a balancé une rumeur sur toi. D’habitude tu fuis la presse à scandale et tu ne lis pas les rumeurs. Mais là, celle-ci t’as retenu. Etrangement, le fait que tu as soi-disant tourné une sextape avec une actrice a été une source d’idée pour toi et c’est comme ça que tu as décidé de jouer avec les paparazzis. Mais au bout d’un moment, cela ne suffisait pas. Il fallait que quelqu’un intègre le jeu. Alors, comme ça sans trop réfléchir aux conséquences, tu as prononcé le nom « Kwang Yuna » en direct devant toute la population de Corée du Sud. Et c’est comme ça qu’elle est entrée dans le jeu. Bien entendu, elle a été furieuse de savoir ça. Mais vous avez réussis à conclure un accord. Dis des choses sur moi et je t’accorderais des petits cadeaux sympas.

Tassé dans ton fauteuil, tu as bien réfléchis. Tu trouvais que la petite demoiselle avait particulièrement bien fait son boulot cette semaine. Beaucoup d’apparitions. L’histoire fait une fois de plus, la une de la presse à scandale. Une interview dans un grand talk-show. Tu décidais donc de la récompenser. Tu allais l’inviter au restaurant. Comme ça, vous pourriez discuter de tes nouvelles directives. Et de ton côté, tu calmerais un peu la fureur de la jeune actrice en lui offrant une certaine somme d’argent également. Tu regardais l’heure à la montre de ton poignet. Tu finissais ton travail dans deux heures. Parfait. Tu sortais ton Gsm de ta poche et tu lui envoyais un message.

Dans deux heures, tu es devant l’Elysea et dans la robe que je t’ai offerte dernièrement. Pas de retard.

C’était un peu sec. Mais avec elle c’était comme ça. Tu ne souhaitais pas de superflu. Tu n’attendais pas de réponse non plus. Tu rangeais ton gsm et tu retournais à ta séance photo.

Deux heures après, la limousine, non ce n’était pas la voiture la plus discrète du monde mais l’agence n’avait plus que ça à disposition, te déposais derrière le restaurant. Tu descendais de la voiture et tu passais par la sortie de secours, sécurité oblige, qui menait aux cuisines. Tu les traversais donc sans être dévisagé par les cuisiniers, tu les avais prévenus que tu viendrais. Tu t’installais à la table la plus au fond, histoire d’être tranquille, et tu attendais.

« Elle a pas intérêt à être en retard… »

Tu t’en doutais, dès la première fois que tu l’avais rencontré, qu’elle te mettrait des bâtons dans les roues dans tout ce que tu entreprendrais à son encontre. Tu l’avais senti tout de suite que ce n’était pas une fille facile. Mais c’était mieux que rien. Tu appréciais qu’elle te donne du fil à retordre, cela mettait du piment à ton petit jeu. Ce n’était pas tous les jours que tu rencontrais une fille comme elle. Toi, les filles avec qui tu discutes, soit elles sont distinguées et font semblant d’avoir de la conversation, soit elles te draguent de la plus stupide façon possible, soit elles sont soumises et se contentent de répondre au positif et exécuter tes ordres sans demander leur reste. Quotidien ennuyeux. Alors l’arrivée de Yuna dans ton petit monde ramenait un petit vent de fraicheur très plaisant. Cette fille ne se laisserait pas faire et te ferais tourner en bourrique. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que tu as plus d’une carte dans tes manches… Pour elle, ça pourrait devenir facilement dangereux.

Assis à la table du distingué et très cher « Elysea », Tu attendais, plus ou moins patiemment que la demoiselle daigne se montrer. L’une des choses que tu détestais, c’était bien les retardataires. Même si cette situation n’était pas plaisante pour l’une des deux personnes, tu reliais cela à une règle de respect et de politesse fondamentale. Comme par exemple, si tu te retrouvais PDG d’une entreprise, tu ne supporterais aucun retard de la part de tes employés. Et si ça finissait par arriver, tu jetterais ledit employé, à la porte. Non vraiment, tu ne supportais pas que celui avec qui tu avais rendez-vous soit en retard. Et puis, tu sentais ton téléphone vibrer. Tu le sortais et tu lisais le message de ton cher rendez-vous. Elle y penserait. Ce qui voulait dire qu’elle n’était pas en route et peut-être qu’elle ne s’était même pas habillée. Tu rangeais ton portable et tu restais calme. Tu cherchais un moyen de la surprendre, que ce soit de la bonne ou de la mauvaise surprise.

Tu te mis à sourire bêtement en sentant l’ampoule de ton esprit s’illuminer. Yuna n’aura pas le dernier mot. Et avec ce que tu lui préparais, tu allais installer une tension pendant le repas. Tu le savais qu’elle allait avoir des envies de meurtre à ton encontre. Tu les sentais même déjà. Tu riais rien que d’y penser. Puis tu redevenais sérieux. S’il n’y avait que ça pour la faire réagir, eh bien tu la ferais réagir de cette façon ! Et c’est comme ça que tu allais lui faire payer son retard. On ne joue pas avec William, c’est William qui joue avec vous. La demoiselle ne devait certainement pas avoir entendu tes pensées, heureusement d’ailleurs, puisqu’elle se présenta avec une demi-heure de retard. Elle avait quand même daigné enfiler la robe que tu lui avais envoyée. Très jolie. Elle s’installa avec une assurance qui ne te plaisait guère. Peu importait.

« Je t’avais laissé deux heures, n’était-ce pas suffisant pour préparer ton esprit et…te préparer tout court ? Tu as pris une demi-heure en plus. Très bien. Je suppose que ça t’as amusé. Je dois te donner trop de libertés. Donc, je réduis désormais de 30% tes dix prochains « salaires » et fais attention que je ne me mette pas à te payer seulement par mois. Voilà. Tu veux commander maintenant ? »