C’était son frère qui l’avait convaincu de venir ici. Il lui avait parlé de cette action pour le quartier de Guryong. Cela revenait à maintes reprises dans les discussions. Et finalement elle avait finit par y aller. Ji Wan avait la main sur le cœur, mine de rien. Et cela semblait important pour lui. Mi Ok lui promit alors de se libérer ce jour-là, et de venir avec lui pour aider les habitants du quartier. Elle n’était pas le genre de femme à s’asseoir au dessus de sa chaise et à se ramener en talon aiguille pour aller marcher dans la boue. La belle coréenne avait enfilé ses habits de déménagement tachés de peinture et javel, et avait enfilés de très vieille tennis. Un goût irréprochable en matière de mode, soit. Mais il ne fallait pas non plus commencer à chipoter dans ces conditions.
Alors elle y était à présent, muni de son marteau, d’une paire de gant. Quelques journalistes étaient là pour Evènement. Forcément il fallait bien que l’un d’entre eux mette son nez là-dedans. Une photo de groupe et hop ! voilà que ça commence. Avec l’aide de son frère et de trois autres personnes, c’est la première « maison » qui est inauguré par de majestueux coups de marteau. Détruire pour tout reconstruire. Au moment où elle releva la tête pour regarder l’état de cette dernière, elle manqua de se prendre un joli coup dans les dents. Elle recula légèrement, l’air surpris.

« - Oh, ce n’est pas passé loin ! » dit-elle avec un petit sourire en coin à son agresseur.

Ah, Noël. Comme chaque année, je me devais de faire une action charitable en cette période afin d’être vu à la tâche et d’être complimentée. « Jinnie, cadre bien cette fois-ci » Je m’accroupis légèrement de sorte à être à la même hauteur que l’enfant près de moi et refoulant le dégoût profond que je ressentais, je passai mes bras autour de son corps frêle tout en souriant de manière forcée. Hop, en quelques secondes la photo était déjà publiée sur mon GNS et j’attendais impatiemment les commentaires de mes abonnés. (Oui, prendre une photo avec un enfant pauvre, ça fait tellement Angelina Jolie) J’étais bien courageuse de m’aventurer ainsi dans les rues de Guryong et en plus de ça, pour rénover des taudis dégueulasses dans lesquels vivent des gens surement plus sales encore que leurs habitations. Si seulement on pouvait les rénover eux aussi, vu leurs looks ringards, ils en auraient bien besoin. Pour l’occasion, j’avais sorti mes escarpins Chanel qui attendaient impatiemment depuis deux mois d’être utilisés. Au moins, j’étais prête pour les photos – car non je ne compte pas être photographiée dans des baskets, un jogging sale et un pull large - , attendant impatiemment qu’un photographe arrive sur place. Pendant que je checkais rapidement mon téléphone, certaines personnes, bien plus motivées que moi, s’attelait déjà à tâche. Comment peut-on être aussi effectifs alors qu’il fait si froid ? C’est une des choses que je ne comprenais pas. Il était hors de question que je touche un pinceau ou que je nettoie la crasse de leurs maisons, tout simplement car ma manucure était parfaite et que je ne voulais pas salir mes vêtements. En plus de cela, on ne sait jamais quel genre d’infection on risque d’attraper à tout toucher, ce ne serait pas raisonnable d’essayer. Mon regard se posa une fraction de seconde sur une brune déguisée en vagabonde qui se prenait déjà pour une maçonne. Il y a toujours quelqu’un pour trop jouer le jeu, c’est insupportable. Je levai les yeux en l’air, jetant négligemment une mèche de cheveux en arrière. Les journalistes commençaient à arriver et un des photographes, que je connaissais bien car il travaille chez Velvet Dust, nous proposa de prendre une photo de groupe. Le timing était parfait, Sunhee venait d’arriver et je lui fis signe de me rejoindre. Il suffisait juste que j’ai l’air assez satisfaite sur la photo, en espérant qu’elle figure au moins sur la quatrième page du magasine. Comme ce serait gênant de se retrouver en 6ème page ! « Prête à tout détruire, ma chérie ? » demandai-je d’une voix suraigüe à Sunhee, bien qu’on savait pertinemment l’une et l’autre que nos si belles mains ne toucheraient pour rien au monde un marteau : c’était trop nous demander. Premier coup de marteau, d’ailleurs. Et c’était parti ! J’étais déjà pressée de rentrer chez moi pour me faire masser les pieds mais je n’avais qu’à endurer quelques heures, juste histoire d’être vue.

Enfermé dans l'appartement de son hyung, Spencer n'avait rien trouvé de mieux que lui piquer son ordinateur portable et de fouiller un peu sa boite mail. C'est mal, il s'en doute, mais c'était bien plus fort que lui. C'est ainsi qu'il vit un message nommé "Guryong" et qu'il s'attarda dessus pour comprendre le sens. Une action caritative ? Sei Wong n'avait sûrement pas le temps pour cela, avec ses activités de groupe... Mais lui, oui! Spencer ne voulait pas passer une journée sans cours cloîtré dans une habitation qui n'était même pas la sienne, alors il prit sa veste et enfila ses chaussures avant de quitter l'appartement de son ami pour rejoindre le fameux projet de bénévolat. Qui perdait-il ? Absolument rien. S'il pouvait aider, c'est bien une des plus grande satisfaction au monde. Bien que sur les lieux, il ne sache que trop faire. Avec son caractère de brebis, Spencer se sentait bizarre en tenant un marteau aussi gros que sa tête. Que faire avec ? Casser les murs ? Il fixait ces derniers avec une moue, serrant le manche entre ses doigts. Il y avait quand même beaucoup de monde ici, même des photographes et des gens trop bien habillés pour ce genre de chose. à dire vrai, il s'était mit à fixer la demoiselle à talon qui se détachait vraiment du décor, avant d'hausser des épaules pour aller tenter sa chance vers ce mur. Photo de groupe, très peu pour lui. Avec sa réputation, il ferait mieux de rester discret au possible et se contenter de prêter main forte. D'où le coup hasardeux qu'il lâcha sans faire exprès, frôlant de près une jeune femme. Mon dieu, son visage changeait de couleur, tandis qu'il s'inclinait aussi bas que possible « Je suis vraiment désolé! » S'excusait-il platement, son marteau finalement posé au sol. Décidément, non. Il lui fallait quelque chose de moins dangereux, moins brutal. « Je ne vous ai pas fait mal ? » S'inquiétait-il en la regardant fixement, craignant qu'il ne l'est taper avec son arme.... C'est pas ainsi qu'il se ferait petit, c'est sûr.

Un sourire aimable se dessina sur ses lèvres rouges, un air doux passa sur son visage.
- Ne vous en faîtes pas, il n’y aucun mal.
Elle rit doucement, donnant quelques coups de marteaux jusqu’à que le mur cède. Elle n’était pas baraquée, mais ses coups étaient assez puissants. La preuve, au bout de cinq essais, le morceau de zinc se détruit à terre. Puis elle aida à ranger le reste, sans broncher. Elle regarda ensuite la rue, qui était dans un piteux état… Elle ésperait bien que cela serait plus vivable après cette journée. La brune jeta un coup d’œil à quelques enfants qui était assis à regarder la scène, l’air perplexe. Oui, il fallait vraiment que ça serve.  Son frère lui attrapa machinalement le cou pour lui demander de débarasser quelque chose, quand elle entendit un homme crier :

« - Mais que voyons nous ici ? Le frère et la sœur Lee !  Qu’est ce qui vous a poussé à venir ici tout les deux ?
- Ce projet me tenait vraiment à cœur, dit Ji Wan en continuant de ranger. Ca fait un moment que l’on parle de cette œuvre carritative et il me semblait important d’apporter mon soutien. Et j’avais aussi besoin de Madame que voilà, et qui a tout de suite accepté de venir !
- C’est bien la première fois que l’on vous voit ainsi ! Vous avez abandonnés vos jolies chaussures dîtes moi ?
- Il faut savoir faire des sacrifices dans la vie, dit-elle avec humour, un sourire aux lèvres et l’air occupé.
- Ahaha, c’est bien vrai ! répondit-il en riant. Merci à tout les deux ! C’est Captain GG et notre célèbre Lee Mi Ok mesdames et messieurs ! »

Elle soupira quelque peu en entendant ses mots, alors que plusieurs avaient tourné la tête l’air grandement surpris. Autant elle tombait sur des gens intelligents mais ce présentateur-ci, inconnu au bataillon, avait un sourire trop niais pour avoir en avoir l’air… Plutôt discrète, ce genre de choses ne lui plaisait guère. Mais c'était incontournable, ils se ramenaient toujours quelque part.
Son frère rit un peu en voyant son regard noir puis hocha la tête, s’attaquant à une nouvelle maison.  Mi Ok posa furtivement le regard sur une demoiselle, avec de grands talons Chanel et … complètement foutus.  En espérant qu’elle avait au moins les moyens pour s’en payer une nouvelle.  Elle échangea un regard avec le jeune homme au marteau, un petit sourire en coin, se remettant au travail.