Il était une fois  un mignon petit enfant né de parents tout deux avocats. Le papa promettait la lune et les étoiles à sa femme, cette dernière bercée dans un monde de paillette et d'artifice. « Je te promet qu'un jour, on ira vivre en Amérique, toi et notre enfant. » Disait-il à chaque fois qu'il l'embrassait, à chaque fois qu'il l'enlaçait. Cet enfant naquit quelques années plus tard. Un ange au visage rond et aux sourires attendrissant. « Spencer, mon bébé. » Prononça faiblement la jeune femme en tenant le petit être entre ses bras frêles. Ses cheveux blonds tombaient en cascade sur ses épaules tremblantes, bouclés mais si terne. Une épreuve réellement difficile pour une femme si mince, si fragile, mais ce fut la plus belle expérience de sa vie. Malheureusement la dernière, car la vie fut bien cruelle envers cette famille si simple, si joyeuse. Deux ans après la naissance de Spencer, le couple coréano-américain périssait dans un incendie de leur maison. La cause du feu reste et restera toujours inconnu, mais quelques rumeurs disent que c'était un meurtre. Des avocats hors norme qui se sont brûlés les ailes. Spencer n'eut ni la joie, ni la chance, d'apprendre à connaître ses vrais parents. De Busan, sa ville natale, il n'en connu rien. à deux ans, c'est bien dur de pouvoir retenir quelque chose de précis, comme le visage de ses parents ou même sa maison. Tout ceci était inconnu pour lui, et c'est sûrement son plus gros remord.

« Ma vie n'était pas parfaite, mais eux, ils étaient pourris jusqu'à la moelle. » à la mort de ses parents, Spencer fut obligatoirement envoyé chez son oncle et sa tante. Le frère de son père, qu'il n'avait plus jamais vu depuis sa monté en succès dans son métier. Cette famille semblait si normale, si fondu dans le moule, que personne ne pouvait douter d'eux. L'homme et la femme possédaient déjà quatre enfants, trois plus âgés que Spencer et un du même âge. Jusque là, le tableau n'avait rien d'extraordinaire. Des sourires, des rires, des bonnes paroles. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, mais tout le monde sait qu'un conte de fée ne se termine jamais bien du premier coup. Les quelques jours qui suivirent l'adoption, les masques tombaient peu à peu. Les enfants couraient partout en gueulant, ils ne faisaient jamais attention au bébé. Pire encore, ils faisaient exprès de lui piquer sa nourriture, ses jouets, ses vêtements. La tante ne faisait aucun effort pour les disputer, pour elle, ils n'étaient pas fautif. Quant à l'oncle, rien ne lui importait plus que son journal et son café, le reste lui passait par-dessus la tête. Spencer a donc grandit dans un cadre plutôt mauvais, avec des personnes qui ne l'aimaient pas et le voyaient comme un boulet.

« Dans cette tempête, j'ai eu droit à un rayon de soleil. » Si pendant plusieurs années il restait enfermé chez lui à subir les brimades de sa nouvelle famille, ses nouveaux parents se sont de suite débarrassé de lui en l'envoyant à l'école. Il y restait toute la journée, même pour manger, seulement sous prétexte qu'ils n'avaient pas le temps de s'en occuper. C'est triste, mais l'humain est dupe et ne cherche pas à se compliquer la vie. Ils laissent un pauvre enfant livré à lui-même en croyant des mensonges. Spencer n'avait pas l'attention qu'il méritait et cela le rendait si faible, si renfermé. L'orage empirait, il l'emportait dans les méandres d'une vie sans couleur, jusqu'au jour où un rayon de soleil s'infiltra parmi les nuages noires. « Tiens ~ Ton jouet est cassé ~ » Disait un petit garçon à l'allure féline en lui tendant son jouet en meilleur état que le siens. Spencer récupérait souvent les débris de ses cousins et ses cousines en se contentant de si peu, mais cet enfant venait de lui offrir bien plus qu'un simple jouet. Le début d'une belle amitié, comme il en arrive souvent dans les récits pour enfant. « J'ai eu la chance que dieu me regarde et me donne cette chose nommé "ami". » Depuis ce jour, l'enfant malmené qu'était Spencer s'attachait à cet adorable chaton nommé Jung Wan.

Les années passèrent, mais le calvaire fut le même. Les méchants grandissaient aussi et leur colère avec. Aux yeux de cette famille, Spencer était considéré comme un larbin, comme un petit chien. Fais-ci, fais-ça. C'était devenu une routine affligeante pour le pauvre enfant en manque d'amour familial. Faire la vaisselle, passer le balais ou la serpillière, laver le linge, faire la poussière, ranger la maison. Toute les tâches ingrates lui tombaient sur le dos, l’alourdissant d'un poids bien trop lourd pour un gamin si jeune. Pourtant, Spencer ne s'est jamais plaint une seule fois depuis qu'il a été adopté par ces montres. Jamais il n'a pleuré face à eux, jamais il n'a montré une autre faiblesse que fuir leurs regards. Mais en cachette, dans le noir de son cagibi, le bambin fondait en larme en priant n'importe quel dieu de lui offrir une vraie famille. Des années d'enfer à supporter les mauvaises blagues de ses cousins et de ses cousines, des années d'enfer à subir les réprimandes injustifiées de son oncle et de sa tante. Des années à vouloir disparaître de cette maison, à vouloir n'être rien de plus que le néant à leurs yeux pour ne plus attirer leurs foudres.

« Tu n'es qu'un sale petit voleur! Nous t'avions éduqué avec tant d'amour et tu oses nous faire cela ? Va-t-en! Va ruiner la vie d'autre personne, vaurien! Tu n'es plus notre fils, tu n'es rien de plus qu'un menteur et un manipulateur! Faire ça à sa famille... » Crachait sa tante en l'attrapant par le bras pour le foutre à la porte en gueulant suffisamment fort pour que tous l'entendent. Menteur, voleur, vaurien. Spencer encaissait durement les insultes de cette femme, serrant les dents pour ne pas pleurer, alors qu'il manquait de tomber à plusieurs reprises. Elle le mettait réellement dehors. Son oncle n'avait même pas bougé de son canapé pour venir lui prêter main forte. Ses cousins et cousines rigolaient derrière les fenêtres de la maison. Et lui, il se retrouvait seul face à ces fous, à ces incapables et ces ingrats. Le quartier entier semblait indigné par la réputation dégradante donné par cette sorcière. Spencer devenait un cas à part, une sorte de chien que l'on bat pour qu'il parte. Personne ne voulait de lui... Personne sauf lui. Ce garçon étrange qu'il connaissait depuis quelques années déjà, depuis le début du lycée. Certes, c'était son hyung d'un an, mais il n'était en rien mauvais. Spencer préférait squatter chez lui que chez son meilleur ami. Ce dernier ne sait absolument rien. Il ignore que ces gens l'ont mit à la porte et qu'il traîne dans des bars tard la nuit pour se faire de l'argent.

« L'argent ne fait pas le bonheur, mais c'est le seul à pouvoir m'aider. » Ses études en médecine lui prennent trop de temps, et Spencer ne peut pas se permettre de prendre un boulot à côté. La coucherie, comme il le surnomme, lui rapporte suffisamment sans qu'il est d'heure précise à faire. Il lui suffit de se pointer dans ce bar à pute, de se faire repérer par un con et ainsi va la vie. ça n'a rien de joyeux, rien d'amusant, mais parfois, faut souffrir pour survivre. Spencer déteste son parcours, il n'aime pas ce qu'il fait pour rêver d'un avenir meilleur. Sa réputation empire de jour en jour. à l'école, les autres le traitent de prostitué, ils disent qu'il couche avec les professeurs pour être un bon élève. Les filles se moquent de lui, les garçons le brutalisent, mais Spencer est tellement soumis et sensible qu'il ne fait jamais rien pour se rebeller. Il baisse la tête et encaisse encore et toujours. Peut-être qu'un jour ce calvaire prendra fin ? Peut-être qu'un jour il pourra se payer son propre chez lui sans squatter chez quelqu'un.... Peut-être qu'un jour il pourra se confier à Jung Wan, son chaton ?