C'est Noël, enfin, ça l'est bientôt en tout cas. A dix jours à peine de cette petite fête, il serait peut-être temps que je pense à faire la course aux cadeaux. Ca ne va pas être compliqué cette année puisque je ne le fête qu'avec ma grand-mère. Elle a beau avoir environ soixante-dix ans, elle est encore très coquette et presque plus fashion victim que moi. Comme tous les ans, elle pense que je vais me contenter de lui offrir un bonnet et une écharpe, mais je suis grand maintenant et puis j'ai vraiment envie de lui faire plaisir. Je sais qu'on ne roule pas sur l'or, mais j'ai pensé à économiser depuis quelques mois justement pour pouvoir faire un cadeau convenable à la seule personne qui me reste. Je veux la voir sourire puisqu'elle n'a pas eu cette occasion depuis la mort de sa fille unique.

Il me semble que la dernière fois que j'ai fait les boutiques avec elle, elle avait craqué sur un sac un peu cher mais qui était vachement joli. Si j'avais su qu'à dix jours de Noël il allait être en rupture de stock, je l'aurais acheté sur le coup. Mais ça ne se passe jamais comme on le prévoit donc je suis bien embêté maintenant. Je veux vraiment offrir ce sac à ma grand-mère, je sais qu'elle en prendra soin et qu'elle ne le laissera pas prendre la poussière comme les jeunes filles riches de nos jours le font.

Je me suis donc levé super tôt ce jour là pour espérer avoir ce sac. Je sais que je ne pleurerai pas si je ne l'ai pas et je trouverai quelque chose de tout aussi bien à offrir à ma grand-mère, mais tant qu'à faire... Avec un peu de chance, je tomberai face à des minettes en chaleur qui ne feront pas le poids face à moi et éventuellement face à mon soi-disant charme - oui il paraît que je suis un tel charmeur que j'ai couché avec toutes mes collègues, hum. J'espère juste que je ne croiserai pas de collègue du boulot, j'ai dit que j'arriverai un peu plus tard parce que j'avais une prise de sang à faire... Bon au pire, vu la populace de ma boîte, ils ne devraient pas m'en vouloir parce que je me bats comme un chiffonnier pour un sac. Peut-être même que j'aurai une promotion grâce à ça, qui sait ?

Une fois devant le magasin environ une heure avant l'ouverture, je vois que je ne suis pas le seul à avoir eu l'idée de venir tôt comme ça. Bon et bien, je vais devoir être sans pitié. Il s'agit de ma grand-mère. C'est le seul cadeau que je dois acheter cette année, il n'est pas question que je le rate. Je me pose à côté de la porte du magasin et j'attends patiemment. Allez, ce n'est qu'une fois par an que je fais ça...

Fuck ! Il faisait froid dans ce pays ! Ça faisait bien trois heures que j'attendais maintenant mais pas moyen que je rate une telle occasion. Ce fameux sac édition limité était à moi ! C'était le cadeau de noyel parfait pour l'amie chanceuse qui ne savait même pas que j'étais en train de me geler le cul pour ses beaux yeux. Bon, j'étais mauvais.. Elle avait déjà fait pire que ça pour m'offrir un cadeau de noël et dieu sait que je suis difficile à contenter comme mec. Les gens commençaient lentement à se multiplier et la file était longue. Les bêtas ! S'ils pensaient avoir la moindre chance c'était bien mal me connaître et mieux valait pour eux qu'ils se rabattent tout de suite sur d’autres articles en solde. Lorsqu'il était question de chasse, j'étais le meilleur et ce sac était ma proie de ce mois ci ! Je n'avais plus vraiment le choix, j'avais des goûts bien arrêtés et c'était ce sac ou rien pour moi. Il n'y avait pas une autre pièce qui allait pouvoir me contenter. Je n'avais pas l'habitude d'offrir des cadeaux médiocres à mes amis même si je n'étais pas l'homme le plus riche de la terre. J'avais économisé toute cette année exprès. J'avais du faire preuve d'un zèle légendaire pour obtenir l'argent nécessaire aux cadeaux de noël de cette année alors croyez moi sur parole quand je vous dis que j'étais prêt à littéralement me battre comme un fou !

Brusquement poussé en avant alors que la foule s'impatientait, je butais contre une jeune femme masquée. Elle faisait peur. Je sentais bien qu'elle aussi avait l'air prête au combat et ça ne me plaisait pas des masses. Affichant pourtant un sourire bien hypocrite, le bruit de clés qu'on agitait me fit lever les yeux instinctivement. Ça sentait l'ouverture de la chasse. C'était littéralement exaltant et j'étais impatient ! La porte n'avait plus qu'à s'ouvrir. J'allais piétiner tout le monde et ça sans gêne. Le mot pitié était banni de mon vocabulaire aujourd’hui alors autant vous dire que j'allais être méchant ! Très méchant !