BOOK (profil du mannequin/ de l'idol / clichés faits par le photographe / tenues créées par le styliste / etc)
   
   
   

Je faisais ma première apparition le 29 janvier 1985, à l’hôpital général de Séoul : premier enfant de mes parents, j’étais un énorme bébé radieux et en excellente forme. Comme tout nouveau-né en bonne condition, j’ai hurlé jusqu’à ce qu’on me dépose dans les bras de ma mère… Vous comprendrez qu’il ne doit pas être très agréable de quitter un nit chaud et douillet pour être projeté ainsi dans un endroit froid, immense et bruyant. Enfin… Ma mère quittait l’hôpital deux jours plus tard et c’est là que commença officiellement mon périple dans le « vrai monde ». Trois ans après, ce fut au tour de ma sœur. Je me souviens vaguement de l’accouchement, n’étant pas très vieux, mais je revois encore précisément l’air épanoui de ma mère lorsqu’on lui passa le bébé et j’ai encore souvenir de m’être promis d’aimer ce nouvel être de tout mon cœur, parce qu’elle semblait rendre ma génitrice terriblement heureuse.

Elle était spéciale, ma sœur. Au départ, je ne comprenais pas trop, ou du moins, je ne m’en souciais guère. Je voyais bien que mes parents lui accordaient une attention particulière, qu’elle devait voir un tas d’inconnus qui l’examinaient… Puis, en vieillissant, il m’apparaissait de plus en plus que la cadette n’était pas tout-à-fait comme moi. Mes parents finirent par me décrire sa condition particulière, soit le syndrome de Down et, bien que cette nouvelle information n’ait rien changé à tout l’amour que je lui portais et porte toujours, je me mis à la voir sous un œil un peu différent, un œil carrément admiratif : elle qui souriait toujours, elle qui aimait sans prérequis, qui s’émerveillait de tout et rien, elle devint rapidement mon plus grand modèle, mon idole.

D’ailleurs, sans elle, jamais je n’aurais eu la détermination de persister dans le milieu où je travaille présentement. Elle était présente ce fameux jour où des recruteurs pour une agence de mannequinat sont venus vers moi pour me proposer de tenter quelques contrats, et l’enthousiasme débordant qu’elle avait manifesté m’avait immédiatement convaincu de faire un essai – sait-on jamais. Ce fut ainsi qu’à mes dix-sept ans, j’abandonnai mes ambitions de devenir vétérinaire pour me consacrer à ma future carrière dans le mannequinat… Qui, au final, ne se révéla jamais très fructueuse. En effet, malgré ma gueule d’ange (huhu), j’étais petit de taille, et rares étaient les compagnies souhaitant se risquer à m’engager pour une campagne.

J’aurais probablement abandonné si elle n’avait pas été aussi déçue que je baisse les bras. Grand bien lui en fasse : la plupart des gens avec qui je travaillais lors des séances photos finirent par trouver mon sens de l’humour complètement charmant – je répète leurs propos, je ne suis pas siiii admiratif de ma propre personne – et, je ne sais trop par quel miracle, mon nom se retrouva recommandé au directeur de Seoul FM. Trois semaines après, j’animais ma première émission radio. J’adorais vraiment cette occupation, encore plus que le mannequinat. Je me fis, grâce à ce nouveau job, tranquillement connaître dans le milieu : bien que toute cette reconnaissance m’emplissant de joie, rien ne me rendait plus heureux que de savoir que ma sœur chérie m’écoutait tous les jours.

La radio me fit également connaître celui qui deviendrait bien vite mon meilleur ami, mon double, mon collègue et encore plus : Robin. Plus nous apprenions à nous connaître, plus nous prenions connaissance de nos incroyables points communs. Nous avons élaboré ensemble le concept de Laugh out loud, baby, l’émission télé que nous animons présentement ensemble. C’est d’ailleurs après l’enregistrement de l’un des premiers épisodes que, qu’on a passé notre première nuit ensemble. Je me doutais qu’il partageait l’attirance que j’éprouvais à son égard et c’était probablement la même chose de son côté, mais jamais nous n’avions osé en parler à l’autre. Seulement, cette soirée-là, quand on s’est précipités à l’abri de la pluie, il s’est passé un truc, je sais pas quoi, mais on s’est retrouvé à batifoler follement à mon appartement.

Mais ça, c’est un secret, chut. Personne ne sait – presque personne - et personne ne doit jamais savoir. On a tous deux besoin de cette carrière, vous voyez.