from zero to six ... et puis à quoi sert de raconter mon enfance alors je ne m'en souviens pas ? à la naissance je ressemblais à un petit singe rose qui chialait tout le temps (appelé aussi un bébé). jusqu'à l'âge de six ans, selon ce on m'a dit, j'étais la petite chipie insupportable, fifille à maman qui rêve de frou-frous, de paillettes et de talons hauts. d'une chambre rose bonbon aussi. et ressembler à barbie.

from seven to thirteeen ... et puis il y a eu mon père qui nous a quitté, demandant son divorce, même si, sincèrement, je ne le voyais jamais. il avait trouvé quelqu'un de meilleur. mieux que la maman poule que j'ai. sauf que ma mère n'a pas accepté ça, et est tombée en dépression. je crois que je n'ai jamais pu la réconforter. j'ai vraiment compris ça a treize ans. il n'y a que la mort qui a pu le faire. elle est morte. elle est morte empoisonnée, officieusement. elle s'est suicidée, en réalité. j'en étais sûre. je me souviens ...

j'ai ouvert la porte, chantonnant. en faisant cliqueter les clés, je lance un "mamaaaaaaaaaaaan, je suis làààà" auquel personne ne répond. je pose mon sac, je ferme la porte. je regarde autour de moi. il n'y a personne dans le salon. elle est peut être sortie. mais elle est malade, pourquoi elle sort, elle va encore attraper froid, putain. pourquoi ? j'entre dans la cuisine. j'ouvre la porte qui est fermée. je sens une forte odeur de gaz. je vois de la fumée qui sort de la gazinière. je mets ma main devant ma bouche, je tousse. je la vois, elle, assise sur la chaise, avec des livres ouverts éparpillés sur la table, une tasse de thé non finie. elle a l'air endormie, bras croisés et tête posée dessus. comme si elle boudait. mais elle est morte. j'ouvre la fenêtre je sors de la pièce, toussant plusieurs fois. je cherche mon téléphone. j'appelle la police. j

et n'ai pas voulu aller à son enterrement. pas si lui y était. pas d'adieux avec elle. je sais que je la reverrais. j'ai passé une semaine enfermée dans ma chambre. je crois que la période où j'étais princesse était finie à ce moment là. ou peut être que je suis passée du stade princesse nunuche à princesse morose et lunatique. et puis on m'a annoncé après que je vais chez mon père. je n'ai pas aimé ça.

from fourteen to eighteen ... l'adolescence. la période où on a l'impression que tout est un problème. on veut grandir, on veut redevenir petits, on veut vivre, on veut mourir, on veut travailler, on veut se reposer. je me souviens que cette période était un grand charabia émotionnel. là-bas, à new york, entre les cours, ou du moins, ceux auxquels je prenais la peine d'assister, et les boites. je crois que je ne faisais que glander dehors. oui, je sais qu'à cette période, j'étais pas censée le faire, que je devais plus bosser, mais j'arrivais à me faufiler à l'intérieur, ou me trouver des faux papiers. à force, je crois que les videurs m'aiment bien, à force de me foutre dehors.

c'est devenu une obsession, sortir, boire, et ne revenir que tôt le matin. le daron s'en foutait, de toutes les façons. je crois que cette période est celle que je regrette le plus. je m'y suis détruite. j'étais naïve. je voulais être populaire. je sortais avec n'importe qui, mais exclusivement des connards. j'ai toujours eu un béguin pour ces badboys qui finissent par me briser, je suis masochiste, peut être ? je mon corps en garde de bonne traces, en tout cas. haha. chacun son truc, les gens aiment les romantiques, et puis il y a moi, l'aimant qui attire les heartbreakers.

boum, j'arrive à avoir mon bac, ok, sans mention, mais c'est déjà bien. j'ai bien bossé, pour l'avoir. je pars en corée du sud, histoire que les cours de coréen que j'ai pris pour m'occuper pendant les vacances (oui quand je m'ennuie, j'étudie, ne cherchez pas la logique, il n'y en a pas) servent un peu. et puis ça m'a permis de m'éloigner de mon père. ça m'horrifie de le voir ... si nonchalant.

forum eighteen to twenty-four ... en six ans, je ne suis repartie que deux fois aux états-unis. j'ai un boulot, à séoul, un appart, une vie normale. j'ai passé des formations de fleuriste, et voilà, j'ai un magasin rien qu'à moi. je crois que je devrais remercier l'autre de l'avoir payé. j'ai l'impression qu'il veut se racheter un peu. mouais. en cinq ans, on a pu me naturaliser coréenne, quoique j'ai rien d'une asiatique, en fait. je crois que je me débrouille bien, à repartir sur de bonnes bases. redevenir sérieuse, tout ça.