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yuna ∞ shin

Il n’en pouvait plus. Depuis la veille au soir, ils étaient sur la route avec Mikki. Partis dans un village à 7h de Séoul pour récupérer trois nouvelles demoiselles qui avaient plus ou moins été livrées à la mafia sans ménagement, la plus jeune ne devait même pas avoir 16 ans. Bien entendu, tout du long, il faisait comme si ça n’avait aucune espèce d’importance. Durant l’aller, il en avait profité pour discuter avec Mikki, pour s’amuser, pour se reposer aussi quand il ne conduisait pas. Ils avaient besoin d’être en pleine forme tous les deux. Se torcher 14h de trajet sur une seule journée n’était pas vraiment une chose facile à faire. Ils avaient eu autant envie l’un que l’autre de revenir parfaitement vivant à la maison. Shinie n’avait rien dit, mais il n’en pensait pas moins. En regardant les jeunes femmes, il voyait sa sœur. Mon dieu, quelle horreur si Shishi était entraînée là-dedans. Déjà lorsque Nana fut embarquée, il avait vu rouge de savoir des hommes en train de poser leurs mains dégueulasses sur elle. Alors sa petite sœur. Il en avait eu un haut le cœur. Non merci, il ne devait pas penser à ça. Le retour fut difficile, autant pour l’un que pour l’autre. Ils n’avaient pas vraiment pu dormir, ils avaient roulé toute la nuit pour s‘arrêter manger un morceau, faire le plein, se restaurer convenablement, aller les chercher, passer chez une connaissance qui devait vérifier les filles une par une avant qu’ils ne les ramènent. Avec tout ça, midi arriva bien vite lorsqu’ils durent repartir pour Séoul en mangeant des sandwichs dans la voiture pendant que les filles leurs lançaient des regards effrayés. Il avait parfois envie de leurs dire que tout irait bien, mais c’était faux. Surtout pout ce qu’elles allaient faire. Il savait qu’une nouveauté était en vogue dans le milieu de la prostitution : le marché aux vierges. Et ça le dégoûtait malheureusement énormément. Parfois, il aimerait être l’insensible que tout le monde voyait en lui et arrêter de s’en vouloir. Il ne les achetait pas après tout, il ne leur sautait pas dessus et il ne les vendait pas. Il les livrait… C’était suffisant pour être un salaud.

Ils arrivèrent à 20h30 à l’hôtel où elles étaient attendues. L’homme, qui devait les réceptionner pour ses patrons, demanda le papier de vérification que Shin lui donna rapidement, laissant alors filles dans la voiture pour l’instant. Il fallait récupérer l’argent avant. Monnaie que l’homme de main avait du mal à délivrer. Shin l’avait alors attrapé par le col pour le faire céder. Mikki récupérera la mallette et la mit dans la voiture avant d’en faire sortir les demoiselles qu’ils tenaient par le bras, les menant alors au bon étage. Ils devaient s’assurer qu’elles arrivaient à bon port. Une fois seul, Mikki se tourna vers lui. « Tu viens avec moi ramener la mallette et la voiture ? » Shin sentait de plus en plus de douleur le tirailler. Il avait été tellement léthargique dans la voiture que son cœur en était devenu capricieux. Il eut un petit sourire en coin, cachant son mal-être, pourtant les coups de jus qu’il ressentait l’auraient presque mis à terre. « Ani. » Il remit un peu ses cheveux en place. « On a été assis toute la fucking journée… J’en peux plus, j’ai besoin d’me dégourdir les jambes. On s’retrouve à la maison. » Il lui tapa sur le bras en souriant avant de partir rapidement sans laisser à Mikki le temps d’argumenter. Il n’y avait pas matière à le faire de toute façon et il savait que son meilleur ami terminerait le boulot sans rechigner. Il avait trop besoin de marcher, de prendre l’air et de penser à autre chose pour calmer son cœur. Il ne voulait pas s’écrouler. Il marcha sans but précis, sans réellement motivation, mais au moins les douleurs étaient passées.

Mains dans les poches, musique dans la tête et les oreilles, il s’était mis dans sa bulle et ce n’était pas plus mal parfois. En passant devant une ruelle, il fut stoppé dans ses pas par une dispute. Du moins, il entendait un homme vociférer et une jeune femme de défendre. Elle avait du caractère la petite, ça le faisait sourire sur le coup de la voir avec autant de mordant. C’était rare de voir une coréenne se débattre avec autant de hargne et pourtant, elle semblait virulente. Discrètement, il fit quelques pas vers eux, l’homme devenait de plus en plus agressif, il avait l’impression que les coups pleuvaient sur elle. Il avança alors encore et la reconnut. Il aurait dû la reconnaître plutôt à vrai dire, entre sa voix et son accent. Sans attendre, il attrapa le poing de l’homme qui était prêt à cogner encore et avec force, il l’envoya valser plus loin. Souriant, il se mit devant elle. « On t’a jamais appris qu’il ne fallait pas frapper les femmes ? » Visiblement non parce que l’abruti en question se précipita sur Yong Shin avec la grâce d’un dromadaire. Il l’arrêta en lui envoyant son poing dans les dents, puis un coup de tête, lui cassant probablement le nez, avant de lui envoyer un coup de pied dans l’abdomen pour le mettre à terre. Un homme s’arrêta et les vit se battre, gueulant qu’il allait appeler les flics… Yong Shin attrapa alors la main de Yu Na pour l’emmener avec lui dans une course frénétique, bousculant l’intrus au passage, lui cassant son téléphone. Les flics étaient bien la dernière chose qu’il voulait voir. « Cours ! » Il ne lâchait pas la main de la belle et ne s’arrêta que quelques rues plus loin devant un café. Il était à bout de souffle et son cœur résonnait dans ses tempes sans compter la douleur qu’il pouvait ressentir. Il resta droit malgré tout le temps de se reprendre. « T’as vu ton état ? » Il la regardait d’un air dépité… « Au lieu de te penser plus forte que lui tu hurles ! Ou alors tu te colles à lui et tu lui mords l’oreille ou tu lui broies les noisettes ! Tu as été STUPIDE de l’enrager d’avantage ! » Il grogna avant de fouiller dans ses poches et d’en sortir un mouchoir. Il tamponna doucement la lèvre de la jeune femme. « On ferait mieux d’aller chez moi… J’ai de quoi te soigner là-bas. » Pourquoi le faire ? Il ne savait pas vraiment. Il aurait pu simplement la laisser là comme une pauvre âme en peine et lui dire de rentrer chez elle, mais elle venait de vivre un calvaire, à défaut d’être réellement compatissant ou plein d’inquiétude, il pouvait au moins être humain. Il retira son manteau et le plaça sur les épaules de la jeune femme au moins pour cacher ses vêtements tâchés de sang et déchirés par endroit.

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« J’ai pas dit que tu devais te laisser faire ! J’ai dit que tu devais lui briser les noix ou hurler à la mort pour que quelqu’un vienne ! Tu m’énerves Yu Na ! » Il l’aurait bien étranglée à l’entendre vociférer de la sorte. Non mais sérieusement, elle pensait vraiment qu’il croyait ça ? Il était déjà écoeuré de savoir les filles en train de coucher contre de l’argent…. Argent qu’elles ne voyaient pas vraiment d’ailleurs. Alors un viol… Non mais elle était folle ou quoi ? Comme s’il aurait pu cautionner ça. Il avait de nouveau son regard de tueur et lorsqu’il loucha sur un homme passant non loin d’eux, ce dernier recula sous la surprise préférant les contourner que se faire incendier par le géant. Il ouvre la bouche, presque étonné par ses accusations. Lui culpabiliser ? Bon oui… mais elle n’était pas une bonne action, loin de là. Un oscar pour sa comédie journalière ? Il était si bon à passer pour un salaud ? Il soupirait intérieurement. « Tu comprends vraiment rien. » Et il n’allait pas lui expliquer. Tant qu’elle ne comprendrait pas d’elle-même que c’était dangereux pour eux d’avoir une pseudo relation même amicale alors ça ne servait à rien. Il n’avait pas le droit de regarder les filles ou même de leur adresser un simple bonjour. Il n’était RIEN dans l’organisation et on pouvait autant le supprimer que la corriger pour lui faire comprendre. Il n’était pas un preux chevalier en amour, mais il vivait assez de galère pour en rajouter une couche et les filles aussi. Elles en vivaient assez. Il s’empressa malgré tout de la couvrir. Simple geste gentil ? Non pas vraiment, il ne voulait pas attirer les regards sur eux, il n’avait pas envie qu’un bon samaritain n’appelle la police en la pensant battue ou autre. Tout deviendrait compliqué autrement. Ils avaient fuis la ruelle d’avant et l’autre type justement pour ça. Il pensa immédiatement à l’amener chez lui, au moins, ils seraient à l’abri même si cette idée ne l’enchantait qu’à moitié. Il n’avait pas vraiment envie de la faire pénétrer dans son univers, elle avait besoin de soin. C’était ce qui le motivait en grande partie. Et surtout, il imaginait Shi Na à sa place et il aurait aimé que quelqu’un prenne soin d’elle dans un cas pareil. Aussi hautaine et chieuse qu’elle soit, Yu Na était la fille de quelqu’un, peut-être la sœur de quelqu’un aussi. Il préférait penser comme ça. Vraiment ? Elle voulait s’asseoir dans un café plein de monde dans l’état ou elle était ? Tout le monde allait forcément se tourner vers elle et il continuait de penser que ce n’était PAS une bonne idée. Il croisait ses bras en soupirant d’exaspération, s’il avait pu, il l’aurait traité de blonde ou de chieuse. Mais il se tut. Il n’avait pas besoin de lui hurler dessus un peu plus non ? Finalement elle acceptait ? Il avait haussé un sourcil sous la surprise en la dévisageant mais rapidement, la vraie nature de la belle repris le dessus, le faisant longuement soupirer. C’était ça alors ? Parfait. Il s’était rapproché d’elle mais avait arrêté son geste quand elle avait à nouveau ouvert la bouche. Elle était traumatisée. Qui ne le serait pas à sa place hein ? Il soupirait encore. Il se mit alors accroupi vers elle et récupéra son téléphone, ses clés et son portefeuille qui étaient dans les poches de sa veste et se redressa. « Fais ce que tu veux Yu Na. T’as envie d’aller boire un café, arasseo ! Vas-y, mais soit pas étonnée si tu vois que toutes les têtes seront tournées vers toi ! Tu veux pas venir chez moi, rentre chez toi, mais évite à nouveau les ruelles ou de trop tordre des fesses, ça attirera peut-être moins les pervers ! » Il n’avait plus envie de se fatiguer, de s’époumoner ou de jouer au babysitter. Elle ne voulait pas de la main tendue qu’il s’efforçait à lui offrir par compassion et bien tant pis. A vrai dire, il était dérouté d’avoir compris qu’il devait être le seul ami qu’elle pouvait avoir ici. « Moi je rentre chez moi. » Il lui laissa sa veste et fourra ses mains sans ses poches même s’il restait peur de place à cause de ses affaires. Il avait intérêt à se mettre en mouvement, la nuit devenait de plus en plus froide et il avait un simple pull sur le dos du coup.

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Elle s’expliqua, l’arrêtant dans son geste. Il s’en voulait d’être aussi impulsif avec elle. Tout entre eux n’était qu’un gros malentendu la plupart du temps. Il ne savait pas l’écouter. Il ne voulait pas l’écouter en réalité, il avait trop peur de s’attacher à elle et de la mettre en danger avec une amitié naissante. Il se mordait la lève en se sentant des plus stupides sur tout ça. C’était juste plus facile pour lui de la prendre pour une greluche ne sachant pas ce qu’elle faisait. En réalité, il avait été assez impressionné de voir comme elle avait pu se battre pour réussir à échapper à ce que ce pervers s’apprêtait à lui faire subir, et elle devait bien souffrir maintenant. Il avait une tête d’enfant coupable en l’écoutant, incapable de parler à son tour. Et depuis le temps qu’il connaissait la belle, il se doutait que de dire les choses comme ça devait lui écorcher la gorge. Elle avait tellement de fierté… d’orgueil. Puéril et infondé. C’était vrai. Et elle avait parfaitement le droit d’être en colère contre ses propos, il avait exagéré. Il ne pouvait s’empêcher d’agir comme ça avec elle. Etre froid et distant pour la protéger de lui-même. Drôle de façon de faire n’est-ce pas ? Mais depuis les presque huit années qu’il bossait dans la mafia, il avait compris que c’était la meilleure façon d’agir. Une dose de caféine…. Tsss. Elle était si accro que ça ? En même temps, il la voyait souvent en boire. Il se torturait les lèvres à la recherche d’une bonne chose à faire avant de sentir son ventre gronder. Il commençait à avoir faim, il avait froid, la nuit devenait pénétrante et le manque de sommeil se faisait ressentir comme les courbatures. Il la regardait. Elle avait peut-être compris finalement en l’entendant dire ça. Elle se doutait sûrement des risques pour eux d’eux à se côtoyer. Il fixait le ciel en soupirant, son souffle chaud se dessinait dans le vent glacé alors qu’il se passait la main dans les cheveux. Il fit quelques pas vers elle avant de l’attraper par la main et de la faire se redresser doucement. « Viens. » Elle avait raison pour une fois, il valait mieux ne pas aller chez lui. Mais il ne fallait pas non plus traîner ici sans penser aux conséquences que ça pouvait avoir. Au début, il avait pris un rythme de marche normal pour lui avec ses grandes jambes, il pouvait faire des pas de géant mais elle semblait avoir du mal à le suivre. Il avait alors ralenti l’allure sans lui lâcher la main, il l’empoignait sans la serrer de toute façon, mais il préférait la tenir, les hommes n’allaient pas s’arrêter sur elle comme ça au moins. Il bifurqua dans une rue puis dans une autre et entra dans une épicerie qui semblait constamment ouverte. La chaleur du lieu le réchauffa instantanément tout en lui brûlant les mains. Il grimaça et la fit s’asseoir sur un banc se trouvant contre la vitrine. « Reste-là. » Il alla voir le vendeur et discuta avec lui quelques instants avant d’aller traîner dans les rayons et de prendre différentes choses sans même chercher à aller les payer. Il revint vers elle et posa des sandwichs, chips et autres biscuits sur le banc avant de lui tendre une boite d’antalgique et une bouteille d’eau. « Avale ça le temps que ton café arrive. Ça te soulagera au moins un peu la douleur. » Il restait debout face à elle et s’éclipsa quelques secondes le temps d’aller chercher le café qu’il avait demandé pour elle et le bol de ramen pour lui. « A la soupe. » Il se posa enfin sur le banc et soupira d’aise en commençant à manger ses nouilles bien chaudes la laissant apprécier son café. « Mianhae… » Il s’excusait. C’était sans doute une grande première. « J’aurais pas dû dire que tu tortilles des fesses. C’était injuste. » Il faisait profil bas, elle n’allait sûrement pas le revoir comme ça de sitôt. « Je sais que je suis… froid, distant, arrogant et complètement salaud avec toi, mais c’est justifié. J’ai tellement vu… et… fait d’horreur en bossant la dedans. » Il essayait juste de les protéger. « C’est mieux si tu me détestes en fait. »

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Il mangeait comme s’il n’avait rien avalé depuis quelques temps, ce qui était faux bien sûr, mais Shinie était un estomac sur patte, son cardiologue l’expliquait par l’effort surhumain que son cœur faisait pour battre chaque jour ainsi que par sa grande taille et son côté faux calme très nerveux. Il n’aimait pas être guimauve devant les filles, encore moins quand elles avaient un pied dans le milieu comme Yuna, et il imaginait d’ici comment Min ki l’incendierait s’il les voyait manger ainsi ensemble. Ça n’avait rien de très bien, Shinie le savait, mais depuis 8 ans, cette vie d’ours mal léché le pesait mine de rien et se stopper l’espace d’un instant en étant presque normal avec quelqu’un, ça faisait du bien. Elle ne comprenait pas, il s’en doutait en réalité. Comment pouvait-elle penser à ce qu’il savait ? Il soupira en continuant de manger, ne la regardant absolument pas, mais plus elle parlait, plus il se disait qu’il devait lui parler franchement. La voir s’énerver ainsi montrait à quel point le début de relation qu’il y avait entre eux pouvait la toucher. Ce n’était pas une bonne chose. Il le savait. Il mettait déjà sa famille en danger, il avait mis Nana en danger et Jae Mee souffrait en ce moment à cause de tout ça aussi. La soirée de poker tournait en boucle dans l’abysse de ses regrets. Sans ça, ils n’en seraient pas là. Sans ça, personne ne serait mis à mal. Il soupira, arrêtant de manger, prêt à parler lorsqu’elle lui lança un regard étrange… Triste, énervée, probablement déçue aussi. Elle se lança dans un monologue, laissant le grand couillon assez sur le cul alors qu’il ne pouvait s’empêcher de la fixer. Grandir ? Justement, il avait grandi trop vite. Il avait dû prendre la place de son père, cumuler les boulots, courber le dos dans la mafia, être un modèle à la maison pour ses sœurs, apprendre un métier pas facile, voir des horreurs bien avant sa majorité. Grandir… Il avait grandi. Mais il comprenait malgré tout la réaction de la jeune fille, au bout d’un an, elle ne devait plus savoir comment réagir ou agir avec lui. Il la laissa râler, il la laissa prendre les chips, tout en ayant l’impression qu’elle allait faire exploser le paquet tellement elle y mettait de force. Il comprit ses excès, il souriait en coin et continuait à manger ses ramens même s’il arrivait bientôt à la fin. Il mastiqua avec rigueur les pauvres nouilles sans leurs laisser le moindre répit. Après tout, il n’en avait pas lui du répit. Il secoua sa tête à ses pensées absurdes alors qu’elle râlait encore, lorsqu’il vit le sang sur son t-shirt et les bleus qui se dessinaient sur sa peau, il baissa la tête en avalant sa dernière bouchée de ramens. Il ne savait pas quoi dire sur le coup, il préférait attendre qu’elle ne se calme un peu pour ne pas déchaîner encore la colère du dragon mais ça devenait un peu compliqué. Il n’y avait que la nuit devant eux, le magasin était désert et il savait parfaitement que le vendeur se tiendrait loin d’eux, trop effrayé par ce que Shinie pourrait lui faire subir. « T’as fini ? » Ce n’était peut-être pas la bonne façon de commencer une nouvelle discussion, mais il n’avait jamais vraiment appris à être diplomate avec les femmes. « Vu que tu as du mal à saisir les choses, j’vais les dire clairement. » Il posa le bol en plastique à côté de lui avant de lui donner un mouchoir et lui tendit un sandwich, le pain était mou, ça n’allait pas lui faire grand mal, pas comme avec le sel des chips. « Tu sais ce que tu risques si on te voit avec moi ? » Il la vit prête à ouvrir la bouche et l’arrêta d’une main. « Je suis sérieux…. Des dizaines de personnes veulent ma peau dans cette foutue ville, c’est comme ça quand on bosse…. Où je bosse et tu le sais, je suis sûr que tu t’en rends compte. Mais les gens sont vicieux Yu Na…. » Il eut un soupir franc avant de fourrer ses mains dans les poches de son pantalon, le froid se faisait un peu sentir par moment. « Ils s’attaquent aux personnes qu’on a proche de nous, parce que la torture est plus efficace et délectable que la mort. Ils font pression comme ça. Je le sais, on m’a appris à penser comme ça. » Il se passa machinalement la main dans les cheveux en grognant légèrement par ses aveux avant de souffler et de se recoiffer. « Je te déteste pas, tu es insupportable parfois comme toutes les bonnes femmes, mais je te déteste pas, c’est bien là le souci. » Il tourna finalement sa tête vers elle pour l’observer. « J’te protège, je t’ai protégée, maintenant je t’aide, si ça se sait…. Ça va devenir risqué pour toi comme pour moi. J’ai pas envie qu’ils essayent de se servir de toi pour m’atteindre moi, j’ai déjà assez de personne dans mon entourage sur lesquelles ça pourrait tomber sans en rajouter. C’est ça que tu comprends pas. Tu me dis de grandir, mais j’ai grandi, bien plus que tu ne peux le croire et si je suis toujours aussi mauvais et salaud quand on me voit c’est pour une bonne raison, c’est parce que je sais ce qui pourra arriver dans 80% des cas. » Il se leva finalement, prenant un des sandwich avec lui et un paquet de biscuits, lui laissant le reste. « T’as raison, on choisit pas de ressentir des choses ou non, moi j’ai juste appris à les refouler ou les maitriser pour rester debout et avoir un semblant de vie un peu normale quand je ne suis pas au travail, c’est un choix cruel pour les autres, mais dis-toi que c’est une manière de ne pas vous condamner non plus. Tu ne te rends pas compte, ça fait un an que tu subis ça, tu sais combien se serait déjà suicidée ? T’es bien plus forte que ce que tu crois, et j’ai pas envie de que tu gâches tes chances de t’en sortir pour un abruti comme moi. » Il baissa faiblement sa tête en réfléchissant, il détestait tellement livrer ce qu’il pensait qu’il fulminait contre lui-même. « Tu ferais mieux de rentrer chez toi et de te reposer, j’te laisse ma veste, on verra plus tard pour comment la récupérer. » Il sortit de la boutique avant qu’elle ne puisse protester ou lui hurler dessus, elle avait bien-sûr le droit de le suivre, le droit de râler ou pas. Il habitait pas loin, il voulait juste rentrer chez lui et s’insulter mentalement.

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