Pressé. Tu étais pressé. Chose assez habituelle chez toi qui mène une vie à deux-cent à l’heure. Heureusement que tu avais bu ta boisson énergisante ce matin. Tu courais vite. Simplement, un peu trop vite pour un simple rendez-vous ou un simple shooting que tu ne voulais pas rater. De toute façon, tu n’étais jamais en retard. Tu n’aimais pas être en retard et tu détestais encore plus que les gens soient en retard à un rendez-vous. Quand on fixe une heure, on la respecte. C’était ton credo. Enfin, un de tes credos, tu en as bien d’autre. Et donc, tu courais comme un dératé dans la rue. Non ce n’était pas non plus pour éviter une horde de fans déchainées, ce n’était pas pour ta survie que tu courais. De toute façon, tu avais encore sortis l’accoutrement « camouflage jusqu’au visage » pour pouvoir te déplacer à ton aise une fois dehors. Aucun risque, ou presque, qu’une fan vienne te sauter dessus et rameuter ses autres amies toutes aussi cinglées qu’elle. Non tu courais pour autre chose. Tu courais pour éviter que le café refroidisse. Oui parce que tu tenais un café à la main tout en galopant à travers rue. Les gens devaient vraiment te prendre pour un dingue. Attends, mais c’était pour qui ce café ? Tu souriais à travers ton écharpe en te souvenant subitement de Kseniya.

Longue histoire. Ou pas d’ailleurs. Cela tient largement en quelques lignes. Bizarrement, tu revois toute la scène en détail. Nous nous croisons, elle tient un café, avec un petit sourire. Et puis subitement, je sens quelque chose me brûler la peau. La maladroite l’avait renversé sur mon teeshirt. Ouh ça brûle. Le ton est monté. Tu t’es emporté sur la pauvre fille, chose inhabituelle. Elle n’a rien compris et tu l’as vu partir bouder. Tout de suite les remords sont apparus et à cause de ça, tu n’as pas pu dormir cette nuit-là. Tu voulais te faire pardonner parce que tu jugeais que tu avais un peu exagéré dans tes propos. Alors depuis quelques temps, tu viens lui offrir le café, tous les matins.

Et cette matinée n’échappait pas à cette habitude. Mieux encore, tu allais pouvoir consacrer ta journée à Kseniya. Pour pardonner, tu ne faisais jamais les choses à moitié. Tu arrivais donc à l’agence avec le sourire, le gobelet de café encore bien chaud dans ta main. Tu cherchais des yeux la jolie blonde. Etrangement, tu te souvenais de ses traits du visage à la perfection. Tu finis par la trouver un peu plus loin, discutant avec ce qui semblait être une collègue. Tu t’approchais donc de la demoiselle blonde et tu lui tapotais l’épaule.

-Kseniya, j’ai ton café. Caramel Macchiato. Je ne me suis pas trompé, j’ai bien retenu ?

Tu souriais parce qu’à vrai dire tu étais heureux et fier d’avoir retenu quelque chose. Quelque chose qui concernait Kseniya encore une fois, tu trouvais vraiment ça étrange mais tu ne t’en occupais pas plus. La collègue avec qui elle discutait se mit à glousser parce que, je cite, « OMO KSENIYA SE FAIT OFFRIR SON CAFE PAR JUNG WILLIAM ! » Tu roulais des yeux et ne t’en formalisais pas. Tu étais habitué à cette forme d’hystérie. Tu te concentrais plutôt sur Kseniya et tu cherchais tes mots tout en te passant la main dans la nuque, signe d’une légère gêne.

- Dis euh…J’ai ma journée de libre dans une petite heure. Euh… ça te dis si je t’invite au parc d’attraction après ?

Voilà, l’invitation était lancée. Tu espérais vraiment qu’elle dise oui. Parce que , tu le savais, cette journée risquait d’être mémorable. Tu avais mis tous les moyens en place pour qu’elle devienne mémorable en tout cas !